lundi 19 décembre 2011

MORT DE KIM JONG-IL. ASSAD S’ÉTOUFFERA-T-IL LORS DU RÉVEILLON DU JOUR DE L'AN ?

Staline,Kim Jong-Il,dictateur,communiste,Corée,Nord,tyran2011 fut vraiment une année terrible pour les dictateurs et les dirigeants terroristes. Ceux qui furent les vilains désignés par le système n'ont même pas eu le temps d'avoir chaud aux fesses ; ils ont été éjectés de l'échiquier sans procès, voire éliminés physiquement. Et quand ce ne sont pas les hommes qui les auront virés, c'est la Nature elle-même qui s'en sera occupée, comme ce samedi avec le chef d'Etat nord-coréen, feu Kim Jong-Il, décédé d'une crise cardiaque. A noter : le délai d'information étonnement long (48 heures), même pour un régime opaque.

On aurait voulu planifier la destitution de tous les tyrans de la planète, on n'aurait pas pu être plus efficace ! Mais comme nous sommes Français et donc foncièrement des moutons, nous répéterons en bêlant "Pure coïncidence beeeeeh".

La suite ? Assad s'étouffant en dévorant un manifestant et Ahmadinejad en engloutissant une fève trop grosse lors de l'Epiphanie ?!♦

dimanche 18 décembre 2011

TENTATIVE DE RÉCUPÉRATION (VERBALE) DU PROTECTIONNISME

Tel fut le mot du week-end, à gauche... comme à droite. Samedi, Wauquiez (généreusement pulvérisé par Pulvar chez Ruquier) ; dimanche, MAM. Jean-Luc Mélenchon, invité de BFMTV se retrouva même embarrassé dans sa confrontation du soir avec Christian Estrosi ("Nous sommes d'accord là-dessus, c'est un bon début"), et il fallut arriver à sa seconde moitié pour que la circonstance méritât d'être qualifiée de débat. Histoire de saper les efforts du candidat du Front de gauche pour marquer les différences résiduelles, le député-maire de Nice conclut par un phagocytage inédit "Je n'ai pas peur de dire que nous avons des points de convergence". Mélenchon évoqua certes le protectionnisme européen, mais également, furtivement, celui national. Plagiat ! Marine Le Pen devrait décidément faire breveter certains de ses projets politiques. Pour ce qui est de l'application, le bataillon, que dis-je, la légion de précaires Français attend encore...

Pour bien comprendre l'inanité des promesses et du volontarisme protectionniste de l'UMP, réécoutons les propos que Christian Estrosi tenaient après la crise de 2008-2009, alors qu'il était ministre de l'industrie.


Estrosi vs Zemmour & Naulleau clash [ITV] Onpc...par peanutsie

jeudi 1 décembre 2011

EURO(PE) 2012 : HOMOLOGATION DU LANCEMENT DE NAIN AMATEUR DE CHOUCROUTE

L’alternative selon Nicolas Sarkozy ? L’Europe des nations, ou bien une nation européenne de type "empire germano-français" ou à terme "Europe fédérale". Et la discipline budgétaire de chaque Etat, aiguillonnée par des contrôles européens, comme condition et contrepartie de la solidarité. Porté par un credo mitterrandien, il a agité le spectre nationaliste comme source de guerre, et fait le parallèle entre les décisions qui n’avaient pas été prises durant la crise des années 30 et celles qu’on peut encore prendre aujourd’hui. Néanmoins, et après avoir conversé avec des internautes souverainistes, je m’interroge. Ce renoncement de souveraineté (qu’on l’appelle ainsi ou autrement ne change rien à sa nature), est-il le seul choix pour une paix économique et politique durable en Europe ? Sarkozy a annoncé un nouveau cycle, celui du désendettement, succédant à celui de l’endettement.

Chevènement a parlé, lui, d’ère post-démocratique, avec ce surcroît de responsabilités et de pouvoir délégués à l’Allemagne ou autre une institution non élue par la majorité des citoyens européens. Des compromis qui risqueraient bien de ressembler à des compromissions inacceptables, voire à une forme de collaboration insupportable, pour nombre de français. Je ne crois pas qu’ils se laisseront aussi facilement impressionner par le baratin de Sarkozy en vue de la présidentielle de 2012. Ayant fait allégeance à la double gouvernance, européenne et mondiale, il n’a même plus de scrupule à s’incliner devant le chantage des marchés et des agences de notation. Car soutenir une vision impérialo-fédéraliste de l’Europe comme seul moyen de défense face à la financiarisation, présuppose effectivement de reconnaître la toute-puissance des marchés financiers. La mission de ce président est de servir ces maîtres et de détruire un peu plus chaque jour le modèle social français, en commençant par nous accoutumer à la fatalité de la gouvernance européenne, la première étape dans le processus qui conduit à la gouvernance mondiale. Sempiternel discours, "L’Europe faillit à cause d’un manque d’Europe". Les 5 000 personnes qui l’ont ovationné ce soir devaient être ses 5 000 plus fervents et derniers soutiens. La majorité des français désavouent ce choix. Les gaulois ont accepté de se brasser avec les romains, les francs avec d’autres peuples barbares et avec la chrétienté, mais pour ce qu’il reste de notre âme française "la coupe est pleine !"

Ce soir, en prêcheur lénifiant, il a voulu rassurer les électeurs tentés par le vote de repli protectionniste ; en commercial agressif et péremptoire, leur vendre le rapprochement franco-allemand comme la seule option envisageable. Pourtant, des alternatives existent, mais l’intérêt de Sarkozy est évidemment de mener sa mission européiste jusqu’au bout et de ne pas s’étendre sur les autres chemins. "Notre destin est celui-ci" a-t-il seriné du haut de sa chaire, galvanisé par des paroles réverbérées tel un prêche plein de ferveur au milieu d’une cathédrale. Ainsi soit-il… Sarkozy et Hollande, ne sont que deux facettes d’une même optique. Entre eux, il n’y a guère qu’une différence de degré. Le débat projet contre projet serait plus intéressant, mais cela nécessite des directions politiques différentes. Comme entre Marine Le Pen et le président sortant.

L’Allemagne a rendez-vous avec son Histoire : en se soumettant à son voisin germanique, la France lui offre une chance inespérée de faire mieux qu’en 1871 et durant les guerres mondiales. Marine Le Pen a parfaitement traduit la vérité : notre chef d’Etat n’aime pas la France et n’est là que pour servir ses véritables maîtres que sont les marchés, les agences, les Etats-Unis et l’Allemagne. A la moindre injonction, au moindre éternuement de l’un d’eux, Nicolas s’empresse de tendre servilement un mouchoir, en s’excusant de son retard. Pour lui, si les agences méjugent des performances françaises, nous ne devons nous en prendre qu’à nous-mêmes, et qu’à la mauvaise gestion des précédents gouvernants. Comprenez "Si j’avais été là à l’époque nous n’en serions pas là aujourd’hui ! Mais il n’est pas trop tard pour bien faire, alors réélisez-moi en 2012 !"

Seulement, ses mensonges et sa rhétorique ne prennent plus dans l’opinion, et ses choix sont révélateurs de son vrai visage, comme le souligne la candidate du FN. Il apparaît évident que cet homme aime bien plus la politique et sa carrière que son pays. Ce qu’il cherche avant tout, c’est de plaire à ceux qui, selon ses critères, peuvent le mieux servir durablement sa propre destinée, à savoir les puissants et les riches. Peut-être est-il payé par certains intérêts étrangers pour saboter notre modèle social et politique, cependant il n’est pas exclu qu’il se prête de bon gré à cette prostitution de la fonction présidentielle. A moins que tout cela ne procède de la lâcheté. Gageons toutefois que cette faute criminelle causera sa perte : son zèle l’aveugle et lui fait surestimer le panurgisme français. Oui les Français ont été parfois des veaux, mais je ne crois pas qu’ils le demeurent encore longtemps face à un pantin aux gestes si grossiers et aux ficelles à présent si grosses. Il est aussi prévisible dans sa médiocrité, ses calculs et son hypocrisie, que dans son mépris du peuple.

Durant son allocution, il a encore trouvé le moyen, parmi d’autres éléments de politique intérieure, de diviser les Français et d’opposer en particulier les smicards aux bénéficiaires du RSA, comme des despotes obscurs l’auraient fait par le passé avec les borgnes et les aveugles, les pestiférés et les malades du choléra. La politique du bouc-émissaire qu’il ne cessera vraisemblablement jamais d’employer témoigne de son impuissance politique ; lui et son équipe n’auront jamais rien été d’autre qu’un plâtre ou qu’un mauvais rafistolage destiné à disparaître rapidement et se voir relégué aussi vite aux oubliettes de l’Histoire. Mais qu’ils fassent attention, car entre leurs casseroles personnelles et leur trahison nationale, il est peu probable qu’ils soient oubliés avant que d’avoir rendu des comptes à leur peuple. En cas d’échec de la zone euro, nos actuels dirigeants mériteront d’être jugés pour haute trahison.

Le gouvernement, Alain Juppé en tête, accuse l’opposition d’entretenir des relents de germanophobie à des fins partisanes. Il n’y a pas de fumée sans feu : l’éventuelle germanophobie ne serait qu’une réaction de défense naturelle face à la germanophilie exacerbée de l’exécutif français. Les citoyens français, une fois de plus, n’ont pas été consultés et on les prend en otage d’une barque européenne qui ressemble de plus en plus à un radeau de fortune. La caricature n’est plus dans le camp des frontistes, mais bien du côté de leurs détracteurs ; inversement, la vérité n’est plus dans le bloc qui ose s’arroger l’épithète « républicain » mais dans l’autre, et les électeurs commencent à en prendre conscience, bien au-delà de ce que nous content les fallacieux sondages.

2012 va décidément nous réserver une bonne dose de surprises. Ainsi, depuis l’annonce bilatérale de la convergence France-Allemagne, la majorité du parti socialiste en arrive à se rapprocher des critiques formulées par le FN à l’encontre de l’Europe. Une partie des gens de la gauche Delors-Mitterrand, traditionnellement les plus ardents partisans de la construction européenne, vivent un réveil patriotique républicain et prennent conscience que nous sommes allés déjà trop loin dans l’abandon de notre souveraineté. Martine Aubry, première secrétaire du PS est allée jusqu’à qualifier la situation de "capitulation française".

Cet épisode fut très révélateur de l’opposition latente au sein de la classe politique française, entre les souverainistes et les impérialistes. Dépassant leur rôle traditionnel d’opposants à la droite, certaines personnalités de gauche, plus honnêtes que leurs coreligionnaires, ont eu cette semaine un sursaut patriotique en entendant l’allocution de Nicolas Sarkozy. Elles se sont immédiatement offusquées que notre président puisse vendre son pays à l’Allemagne. La réponse des agents de l’empire ne s’est pas fait attendre, et les âmes rétives ont été rapidement recadrées par l’entourage du candidat socialiste, et pour cause : François Hollande compte appliquer la même politique européenne que Sarkozy, mais en pire. Sa réaction, fût-elle par procuration, prouve qu’il n’a aucun intérêt à fâcher dès maintenant ses futurs alliés, puisqu’il prévoit lui aussi de diluer la nation française au nom de l’intérêt supérieur européen. La méthode Hollande serait différente de celle de l’actuel chef d’Etat français, mais le résultat serait identique : la France ne serait plus que la province d’un nouvel empire germanique.

Sarkozy a surestimé la tolérance tricolore aux couleuvres et à la convergence franco-allemande ; nous avons sous-estimé sa lâcheté et son mépris de la France.

La France peut-elle encore s’amalgamer et se mélanger à d’autres peuples, elle qui a déjà du mal à faire cohabiter les lillois et les parisiens, les parisiens et les marseillais, les alsaciens et les bretons, les natifs français et les immigrés ? La convergence franco-allemande est utopique et à terme dangereuse. C’est elle seule qui risquerait d’attiser la germanophobie.

mercredi 30 novembre 2011

ISLAM : QUAND LA FOI REVERDIT EN AUTOMNE

"Zonard" : banlieusard basané désœuvré ; à ne pas confondre avec un musulman.

musulman,islam,islamiste,coran,tunisie,maghreb,palestine,israël,moubarak,libye,marocLibye, Tunisie, Egypte, Maroc, tous submergés par la vague verte de l'Islam à des degrés divers. Après que les bobos et pseudo-humanistes ont loué le printemps arabe ("Vous reprendrez bien un Ferrerro Rocher... les soirées de l'ambassadeur sont toujours un succès"), ils se découvrent une tentation droitifuge au fur et à mesure que les voiles et autres charia se rapprochent de la patrie de Charles Martel. Sans comprendre leurs leaders et idéologues qui relativisent un automne musulman hier encore décrit comme une terrible menace, ils saisissent au moins une chose : "Soisic, tu ne penses pas qu'on devrait attendre encore avant de réserver pour l'Egypte ou la Tunisie ? C'est bien beau leurs élections, mais cette démocratie-là moi je dis non ! C'était quand même plus sûr quand il y avait des dictateurs".

Vous ne manquerez pas de voir fleurir cette interrogation : "C'est quoi l'Islam modéré ?" ; répondez par "C'est quoi un juif laïc ?"

lundi 21 novembre 2011

CRIME AU CHAMBON-SUR-LIGNON : UN PERVERS PEUT EN CACHER UN AUTRE...

Certains d'entre vous n'auront pas manqué hier et ce matin de se poser une question, au moins tout bas : "Au-delà de l'affaire Agnès et de la compassion légitime qu'elle peut engendrer, quel intérêt les médias ont-ils à sur-médiatiser ce crime plutôt qu'un autre ?" La réponse est d'ordre politique.

crime,meurtre,agnès,marin,wauquiez,délinquance,peine,mort,récidive,sarkozy,hollande,ump,ps,droite,gauche,fn,marine le pen,chambon-sur-lignonQue Le Chambon-sur-Lignon possède une dimension hautement symbolique en tant que village des Justes (et de façon plus anecdotique puisque le ministre Wauquiez est le fils du maire), aurait pu, par raccourcis successifs, aboutir à une indécente récupération ethno-confessionnelle. Nous y avons échappé pour le moment. Néanmoins, cet endroit ajoutant au drame passé le souvenir d'un nouveau martyre, il y a fort à parier que quelques charognards médiatiques instillent ce pont dans l'inconscient collectif. "Le Chambon, lieu de mémoire de la douleur universelle, place sacrificielle où ont été immolés tant d'agneaux ! Deux euros l'entrée !"

Mais là n'est pas la raison de cette couverture obsessionnelle. Dès hier sur BFMTV, les médias inquisiteurs se sont lancés dans une chasse aux sorcières. L'expédient : l'instrumentalisation du malheur. La cible réelle : l'exécutif et Nicolas Sarkozy en tête. Pour plus d'efficacité et de crédibilité, on y a rajouté l'irrésistible requête d'un parent de la victime. Armel Marin, le grand-père d'Agnès, a ainsi interpeller directement Carla Bruni-Sarkozy pour qu'une réponse ferme soit apporter aux dysfonctionnements apparents qui semblent incomber à la direction de l'établissement scolaire. Des sanctions diplinaires sont envisagées.
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RTL, Europe1, France-Inter, RMC, BFMTV, itélé... Concurrents hier, mais ce matin rassemblés autour d'une même consigne éditoriale implicite "Le laxisme doit cesser !" Le commanditaire politique de cette surmédiatisation orientée importe moins que son effet aujourd'hui sur l'opinion et, demain, sur la législation. Le PS serait-il pressé de faire oublier ses désaccords avec les Verts et de saper l'ancien cheval de bataille sécuritaire de la droite ? Ou bien l'UMP chercherait-il à justifier un renforcement sécuritaire pour obombrer le programme du FN, présenté samedi par Marine Le Pen ? En réalité, les deux options convergent, de sorte que la gauche se retrouvant en porte-à-faux entre son reliquat idéologique et la dure réalité, est elle-même obligée de muscler sa ligne sécuritaire et de cautionner, sciemment ou non, une droite qui cherche à phagocyter le FN.

Restent les faits et ce sempiternel constat d'échec du PS et de l'UMP, de ces politiques successives qui ont abouti à ce que des monstres soient encore en liberté. Si la cohérence avait voix au chapître, la logique voudrait que Marine Le Pen soit élue en 2012. Seulement nous parlons ici de politique, pas de rationalité...

Félicitons France 24 qui, fidèle à sa vocation internationale, n'a oublié ce matin ni les morts en Egypte ni ceux en Syrie.

mercredi 16 novembre 2011

SARKOLAND : L’INDÉCENT PAYS DE L'ANTISOCIAL

Après un début novembre qui focalisa l'attention sur la crise des dettes souveraines, retour en France pour une politique intérieure de plus en plus antisociale. Et magnez-vous les pauvres, les riches ont horreur d'attendre !

Afin de répondre aux préoccupations de nos nouveaux maîtres tout-puissants, la Comission européenne et les marchés financiers, Nicolas Sarkozy et son équipe de bricoleurs fourbes ont décidé de serrer la vis aux citoyens. Pour mieux faire passer la pilule, la traque aux fraudes et autres "niches sociales" devait intervenir après les apparentes coupes sur les niches fiscales et le pseudo-gel des rémunérations de l'exécutif. "Les riches ont fait des efforts, aux autres à présent !" Certes, tout le monde doit faire des efforts à hauteur de ses moyens et de sa responsabilité dans l'alourdissement des déficits publics. Cependant, constate-t-on ce souci d'équité dans les faits ? Voyons en bref ce qui a été entériné (ou non) durant ces deux dernières semaines :

Mesures relatives aux plus aisés et au capital Mesures relatives aux plus modestes

Abandon de la taxe hôtelière (2% sur les nuitées de plus de 200 euros)

Absence de réduction effective des salaires ministériels et présidentiel

Rejet parlementaire commun (UMP et PS) du projet de diminution de la paie des députés

Mutisme gouvernemental suite à l'annonce de licenciements massifs de PSA Peugeot Citroën et de la SOCGEN

Accroissement de la TVA

Dissuasion des arrêts maladies (jours de carence)

Accélération de la réforme des retraites

Travail forcé déguisé pour les bénéficiaires du RSA, financé par la dépense publique et sans perspective de retour à l'emploi durable

Sacrifice de la souveraineté populaire au nom de la loi des marchés et agences de notation

Il n'y a pas besoin d'être énarque pour comprendre qui dans notre pays paie réellement le prix de l'austérité. Encore six mois, mais peut-être plus, puisque l'actuel chef de l'Etat semble connaître une seconde jeunesse, si ce n'est dans l'opinion du moins dans les sondages. Imaginer un second mandat de Sarkozy, c'est faire une plongée vertigineuse dans le puits sans fond des inégalités. Qu'il soit reconduit, et il y aurait fort à parier qu'au mensonge succéderait l'escalade dans l'exploitation décomplexée des Français.

vendredi 11 novembre 2011

FRANCE : "ET 1, ET 2, ET 3 PLANS D’AUSTÉRITÉ"... POUR COMMENCER

hôtel,luxe,Fillon,Sarkozy,taxe,impôts,lobby,Accor,Commission,Europe,euro,zone,crise,dette,déficits,agences,notation,S&P,Moody's,FitchLa Commission européenne et la coalition « marchés-agences de notation » sont devenues les maîtres du jeu en France. Longtemps dans l’ombre, leur domination s’affiche aujourd’hui au grand jour. Bruxelles a ainsi jugé que notre pays, en dépit de ses engagements budgétaires, demeurait encore trop velléitaire et laxiste, l'invitant par conséquent à de nouveaux plans d’austérité. Une défiance guère étonnante lorsqu'on constate que l’une des rares mesures visant à taxer le luxe a été déjà été ôtée du projet de rigueur.
La raison ? La pusillanimité d'un gouvernement qui a cédé hier au lobby hôtelier pour annuler la taxe de 2% sur les nuitées de luxe dont le coût dépassait 200 euros — à peine 10 jours d’existence virtuelle, un record de brièveté.

Boutin,Christine,PCD,Parti Chrétien Démocrate,UMP,droite,crise,effondrement,Europe,néolibéral,mondialisation,finance,dette,déficits,euro,agences,notation,Bruxelles,CommissionL’équipe de Sarkozy et de Fillon temporise, espérant reporter l’annonce d’un troisième plan après les échéances électorales. Cependant, il est peu probable que le choix de l’agenda nous soit laissé. La Commission européenne et les agences de notation mettront la pression à la France pour qu’un nouveau plan soit décidé avant avril 2012. Dans l’intervalle, on peut parier que le climat européen anxiogène plombera la confiance des investisseurs, des entreprises, des ménages, et par suite accélérera la récession. "Le système va s'effondrer" a affirmé Christine Boutin ce soir sur Europe 1. La présidente du Parti Chrétien Démocrate a même parlé de "troisième guerre mondiale, économique et morale" et engagé le politique à "reprendre le pouvoir" devant "l’échec de la philosophie néolibérale". Oui. La question est de savoir comment et surtout… à quel prix.

jeudi 10 novembre 2011

L'EUROPE ET LES MARCHÉS ENFANTERONT-ILS UN PEUPLE JETABLE ?

sarkozy,hollande,ump,ps,socialiste,crise,dette,rothschild,ue,union européenne,france,allemagne,chine,etats-unis,déficits,dépenses,impôtsDepuis quatre mois, il ne se passe plus un jour sans qu’on ne parle de la crise de la zone euro. Et lorsque s’élève une solution de bon sens « Et si nous demandions aux Français leur avis ? Ce serait plus démocratique », la réponse ne se fait pas attendre. « Nicolas Sarkozy a été élu tout aussi démocratiquement, non pas pour faire sortir la France de la zone euro, mais pour l’y ancrer ». A ce titre, nul doute qu’il remplira cette mission jusqu’au bout de son mandat, si ce n’est pour nous, en tout cas pour sa crédibilité. Organiser un référendum sur la sortie de l’euro aurait en effet équivalu pour lui à accepter cette éventualité, et le cas échéant un désaveu populaire. Il choisit donc le quitte ou double, et temporise en tentant de persuader ses compatriotes de la nécessité de rester dans l’euro.

Pourtant, les citoyens sont loin d’observer les bienfaits d'une telle option. Au contraire, ils voient leur pouvoir d’achat s’effriter de jour en jour, le chômage de longue durée exploser et, dans ce marasme, perdent toute confiance en l’avenir. Parallèlement, le ballet des chefs de gouvernement, démissionnaires sous la pression de l’Union européenne, elle-même victime d’un véritable chantage des marchés et des agences de notation, n’a pas davantage de quoi rassurer. C’est la perte de ce qu’il nous restait encore de marges de manœuvre et de sentiment souverain. Aujourd’hui, des ministres jetables, remplacés par des technocrates labellisés « BCE », sans aucune légitimité nationale, et désignés non par le peuple ou ses représentants, mais par la Commission européenne et les marchés. Demain, peut-être un président jetable, et pourquoi pas, après-demain, un peuple jetable.

Cela devient pathétique. En outre, céder une fois aux menaces de la sphère financière, c'est créer une jurisprudence. Si demain tel gouvernement ne convient pas, il n'y aura aucun obstacle de principe à ce qu'il laisse la place à un autre qui pourra, à son tour, être récusé. Et on sait comment se termine une telle instabilité ministérielle...

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La zone euro a été construite avec un effet d’irréversibilité, comme un piège pour enferrer des Etats déjà fortement endettés : à ceux qui souhaiteraient en sortir, il serait opposé la menace crédible d’explosion de leur dette. Le couple « loi Rothschild-traités européens » nous a mis entre les mains de l’Union européenne et des marchés. L’Europe a beau se poser en alternative aux marchés, c’est actuellement un leurre et un sophisme : loin d'être un contre-pouvoir politique, elle s'apparente à une complice de la finance mondialisée. Dans les faits, les institutions européennes ne sont pas indépendantes. Pleines de sollicitude, elles s’empressent d’accourir au moindre éternuement du marché ou du créancier universel qu’est devenu la Chine.

Chaque Français à sa manière déplore que sa voix s’évanouisse, spectrale, avant même d’avoir être écoutée. Mais tous semblent encore unis dans un même espoir ; celui d’un vent de changement et d’union nationale soufflant sur l’année 2012 !

mardi 8 novembre 2011

L'EUROPE POLITIQUE S'INCLINE DEVANT LA LOI DU MARCHÉ

Il n'y a pas que les feuilles qui tombent durant cet automne 2011, les chefs de gouvernement aussi. Même Berlusconi, le Cavaliere don juan, semblerait bien avoir enfin trouvé la créature susceptible de le dominer : le Commandeur "Marchés financiers" !

grèce,papandréou,sarkozy,hollande,ump,ps,socialiste,droite,gauche,fn,front national,le pen,marine,marchés,financiers,dette,crise,euro,europe,berlusconi,italieAprès Georges Papandréou, c'est au tour de Silvio Berlusconi d'endosser le rôle du fusible, du jouet usager des marchés. Répondant aux rumeurs de ces derniers jours qui annonçaient son départ du gouvernement, il a confirmé ce mardi soir, durant un entretien téléphonique sur l'une de ses chaînes télévisées, son intention de démissionner après l'adoption des mesures d'austérité promises à l'Union européenne. Raison invoquée pour un tel sacrifice ? La poursuite de l'intérêt supérieur de la nation face aux marchés ! Une explication coupable qui revient à reconnaître implicitement son allégeance à un autre maître que le peuple :
"Il faut se préoccuper de la situation italienne, de ce qui se passe sur les marchés, du fait que les marchés ne croient pas que l'Italie soit capable ou ait l'intention d'approuver ces mesures que l'Europe a demandées."
Que cette décision résulte d'une démarche sincère ou obséquieuse, de promesses et de pressions formidables, tout cela en réalité importe moins que le résultat. Silvio comme les autres est mandaté pour appliquer une politique de rigueur. Une fois sa mission accomplie, il devra céder la place à un technocrate européiste, plus zélé, qui accélérera le processus anti-croissance, parce qu'une raison supranationale en a décidé ainsi. Par ces soumissions en chaîne, les gouvernants européens démontrent que la souveraineté et l'indépendance des Etats ne sont déjà plus que des pièces de musée !

Inquiétudes partout. Même en France. Qui sera le prochain chef de gouvernement à subir le courroux des marchés ? La finance internationale entraînera-t-elle définitivement l'Europe, et plus généralement les politiques et les citoyens du monde, dans la tombe ?♦

PLAN FILLON ET GUEULE DE BOIS

fillon,sarkozy,hollande,ump,droite,ps,socialiste,fn,front national,impôts,crise,dette,taxes,déficitsLendemain de plan Fillon. La nation ne se réveille pas encore, mais les perspectives s'annoncent plus que maussades. Un cortège composé de politiques, d'institutionnels, de dirigeants d'entreprises et de particuliers, se vêt ce matin de noir en prévision d'un inévitable défilé de mauvaises nouvelles. Sur RMC, Dominique de Villepin, plus que jamais dans la confidence présidentielle et gouvernementale depuis l'amorce de réchauffement de ses relations avec Nicolas Sarkozy, a qualifié le plan d'austérité de "nécessaire mais insuffisant [...] La situation de la Grèce ne va pas s'améliorer. Une crise majeure va frapper l'Italie. Notre plan sera inadapté à cela". La conséquence selon l'ancien Premier ministre ? "Il faut s'attendre à un troisième, voire un quatrième plan début 2012". Françaises, Français, vous êtes prévenus : pour ceux qui ne l'auraient pas encore compris, la satisfaction de passer les fêtes de Noël sans annonce d'un nouveau serrage de ceinture ne sera qu'un "reculer pour mieux sauter".

Les professionnels du bâtiment et de la restauration prévoient des milliers de licenciements, suite à l'augmentation de la TVA et l'abandon du dispositif Scellier de crédits d'impôts. Les journalistes s'en donnent à cœur joie pour dénoncer une fausse réduction des salaires de l'exécutif (gelés depuis 2 ans !) et une vraie augmentation masquée de la pression fiscale sur les classes moyennes. Car au-delà même du manque d'efficacité de certaines mesures, il y a cette impression que nos dirigeants déconnectés ont une nouvelle fois sous-estimé l'ampleur de la crise et son impact sur la vie réelle des ménages. Une fois n'est pas coutume, rendons justice à l'opposition qui a clairement identifié le danger à moyen terme : le sacrifice de toute perspective de croissance sur l'autel du triple A ; ce qui n'est rien d'autre, paradoxalement, qu'une course vers le déclassement !

fillon,sarkozy,hollande,ump,droite,ps,socialiste,fn,front national,impôts,crise,dette,taxes,déficitsColmater les brèches, suffisamment pour faire croire au courage, mais sans prendre trop de risques pour ne pas trébucher avant l'échéance présidentielle. Bien tenté, cependant cette martingale grossière est probablement vouée à l'échec. A fortiori, quand l'exécutif réclame aux Français un effort collectif pour juguler une crise dont ils ne sont pas responsables : "NOUS, gouvernants, avons vécu au-dessus de nos moyens et n'avons pas suffisamment protégé la France contre les dérives de la financiarisation. Par conséquent, nous VOUS demandons de régler l'addition". C'est un peu comme si un roi et sa cour de libertins dispendieux mendiaient auprès des bourgeois et propriétaires terriens, pour qu'in fine ils saignent les paysans à leur place.

Seulement, nos concitoyens risqueraient de ne pas vouloir payer pour toutes ces années de laxisme budgétaire et le train de vie somptuaire de l'Etat, et pourraient bien en 2012 retourner la facture aux responsables, par les urnes ou par la rue. Car voilà finalement la seule véritable incertitude : combien de temps les Français pourront-ils encore supporter ce foutage de gueule?

lundi 7 novembre 2011

PLAN FILLON "D’ÉQUILIBRE DES FINANCES PUBLIQUES" : NOUVEL ENFUMAGE OU RAFISTOLAGE À MINIMA ?

Le plan annoncé ce midi par François Fillon affiche la couleur : une rigueur de droite, qui vise d’abord à réduire les dépenses et ensuite ajuster de façon ciblée les impôts.
  1. Gel du train de vie de l'État (salaires du Président et des ministres) jusqu'à ce que l'objectif de 0 déficit, fixé pour 2016, soit atteint. Coupe de 5% dans l'aide publique aux partis politiques (subventions et remboursement des frais de campagne).
  2. Ponction fiscale, avec une péréquation entre le surcroît d'impôts indirects (la TVA réduite passant de 5.5% à 7%, hors produits de première nécessité) et directs (suppression de 2.6 milliards de niches fiscales, majoration temporaire de 5% de l'impôt sur les sociétés, pour les chiffres d'affaires supérieurs à 250 millions d'euros, augmentation des impôts pour les ménages les plus aisés).
  3. Application avancée de la réforme des retraites, de 2018 à 2017, pour réaliser des économies parafiscales.
sarkozy,ump,crise,dette,fillon,ps,socialiste,fn,front national,le pen,marine,inflation,croissance,euro,impôts,fiscalité,lepage,aubry,hollandeCes mesures ne sont pas mauvaises en soi, mais elles sont clairement insuffisantes et déjà caduques compte tenu de l’ampleur du problème ; elles auraient dû être prises bien plus tôt. Une réserve toutefois avec l'accélération du plan sur les retraites qui au mieux restera de l'enfumage, au pire sera contre-productif. Les seniors au chômage qui ne pourront plus bénéficier du départ à taux plein feront appel à l'allocation chômage, ce qui ne fera que transférer le coût social d'un poste budgétaire public à un autre.

Les opposants s'engouffrent dans la brêche. « Pas de vision à long terme »,déplore la gauche. Le gouvernement avoue que cela est consubstantiel d’une mondialisation qui nous rend tributaire de la conjoncture. « Le plan vise les conséquences et non les causes », regrette Corinne Lepage. Cette ligne d’ajustements plutôt que de réformes profondes est assumée par la droite. Elle est parfaitement symptomatique de sa perte d’indépendance, subie ou choisie. À chacun de trouver ce credo pertinent ou non.

SHIMON PERES FACE AU NUCLÉAIRE IRANIEN : "NOUS COMPTONS SUR NOS ALLIÉS"


israël,shimon,peres,ahmadinejad,iran,président,sarkozy,ump,juppé,alain,diplomatie,guerre,nucléaire,civil,militairesRépétition et accélération de l'Histoire, comme les plus perspicaces l'auront peut-être compris après lecture d'une note précédente : Shimon Peres a en effet annoncé son intention de décapiter la Bête iranienne, au prétexte prophylactique de neutraliser un éventuel arsenal nucléaire. Ce n'est pas tout. Le président israélien compte explicitement sur ses alliés pour aider Israël à régler son compte à Mahmoud. En creux un avertissement à l'endroit des super-puissances occidentales : "Qui n'est pas avec nous est contre nous, et donc un ennemi de la liberté". Tiens, cela rappelle quelque chose...
Pas de réaction tonitruante côté américain (prévisible), en revanche un accueil particulièrement frais côté français. Le chef de la diplomatie française Alain Juppé, sans doute l'un des plus arabophiles membres du gouvernement Fillon, a ainsi immédiatement mis en garde Israël contre une situation qui serait "totalement déstabilisatrice pour la région". Israël et les Etats-Unis iront-ils au bout de leur stratégie ? Si un conflit éclatait en Iran, la France y resterait-elle étrangère ? Cramponnez-vous à vos accoudoirs, les comédiens se préparent pour le dernier acte. [Crédit photo : AFP/Gali Tibbon]

HOLLANDE ET UNE CERTAINE PRESSE : PRAVDA FOREVER

Hollande,PS,socialiste,Sarkozy,Libération,Demorand,Figaro,Pravda,gauche,droite,FN,Front NationalFrançois Hollande, solennel et convaincu de sa victoire : « Je ne suis pas un contre-président, je suis le prochain », en couverture de Libération ce lundi. Faire poser un candidat à la présidentielle pour la une de son journal, n’a bien sûr rien de fortuit. C’est un choix éditorial qui en dit long sur sa sensibilité et ses intentions partisanes. Le but est ici presque insolent de clarté : communiquer au bénéfice d’Hollande, en tentant de pallier son manque d’expérience par l’assurance ostensible, voire arrogante. Histoire de batailler pied à pied avec Sarko. La formule affirmative, étayée de sondages archi favorables, se veut péremptoire pour ne laisser subsister aucun doute dans l’inconscient collectif : « Vos paupières sont lourdes. Pas la peine de résister. Dormez, je le veux ! Vous n’entendez plus que ma voix. François Hollande sera le prochain président, que vous alliez voter ou non… »

En réalité, le pari est très risqué pour le PS, car la naïveté populaire perdure bien moins que certaines méthodes de propagande. Un martèlement aussi effréné peut en effet interroger sur la crédibilité réelle de François Hollande. A moins qu'il ne soit que la traduction d’un mauvais pressentiment, au lendemain de la déclaration de candidature de Jean-Pierre Chevènement, de triste mémoire. De l'art de conjurer le sort sans y paraître...

vendredi 4 novembre 2011

L'ALTERNATIVE DE JACQUES ATTALI POUR SORTIR DE LA CRISE ? BIEN CHOISIR SA SOUMISSION

Attention, oreilles sensibles et patriotes s'abstenir. Interrogé hier sur France 24 à propos de la crise qui secoue l'Europe, l'omniprésent (-potent ?) président de PlaNet Finance, Jacques Attali, a exposé succinctement ses solutions, et ce qui représente pour lui, la seule alternative raisonnable : choisir son maître, entre l'allégeance à la finance internationale ou au fédéralisme européen.

PS,socialiste,centriste,européen,européiste,eurozone,euro,Grèce,Grecs,crise,detteAttali,Jacques,Mitterrand,Hollande,Considérant la crise grecque comme un épiphénomène, la partie émergée d'un défaut de gouvernance économique et politique européenne, Attali engage les Etats membres à respecter leurs engagements budgétaires au plus vite : "Ce n’est pas manifester dans la rue ni refuser les nécessaires plans d’austérité qui rembourseront des dettes contractées démocratiquement". Et de désespérer de ne pas voir se dessiner à l'issue du G20 les contours d'une véritable gouvernance mondiale...

Enfin, lorsqu'on lui demande de juger des compétences et de la stature présidentielle de François Hollande, l'impérialiste libéral décomplexé ne cache pas ses affinités ni son estime pour le corrézien : "La question n'est pas qu'il ne soit pas expérimenté. David Cameron non plus n'avait pas été ministre avant d'être à la tête du gouvernement britannique [...] François Hollande est tout à fait capable d'occuper le poste, tout à fait capable"♦

jeudi 3 novembre 2011

RÉFÉRENDUM GREC : L'ESPOIR DÉMOCRATIQUE MORT-NÉ AU LENDEMAIN DE LA FÊTE DES MORTS

J'ai hésité à écrire cette note, mais le péché d'orgueil autant que la tentation ont été trop forts. C'est en effet avec une certaine délectation (et une pensée émue et pas du tout ironique pour la "démocratie participative référendaire", quoi que...) que je constate aujourd'hui le mutisme assourdissant des bobos idéalistes qui avant-hier s'érigeaient en champions du vox populi. Il est vrai le tableau avait tout plaire : l'agora grecque, berceau de la démocratie, montrant l'exemple au monde entier par l'initiative solitaire pour le moins courageuse de son Premier ministre, Georges Papandréou.

Et puis cet après-midi, voilà-t-y-pas qu'nos chers indign... pardon, "inspirés", connurent le deuxième effet kiss cool : la découverte du pragmatisme ! "Quoi ? Comment ? Papandréou renonce au référendum ?! Les pressions ont dû être trop fortes, ça n'est pas possible autrement !"
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Exposons donc aux crédules la dure réalité. Papandréou, filou jusqu'au bout, a tenté un coup de bluff, pour deux raisons de politique intérieure. Premièrement, pour monnayer le retrait du référendum contre le vote de confiance parlementaire et, subséquemment, son maintien à la tête du gouvernement. Deuxièmement, pour renégocier des conditions de l'accord de Bruxelles, dans le sens notamment d'un surcroît d'aides aux banques grecques.

Audacieuse mais contre-productive, une telle manœuvre ne fait évidemment que discréditer encore un peu plus Papandréou. A tel point que le chef de l'opposition grecque, Antonis Samaras, réclame ce soir sa démission — une requête de bonne guerre autant que légitime.

Où en sommes-nous à l'heure actuelle et qu'en sera-t-il demain ?

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Toujours est-il que ce n'est pas ce soir que la Grèce et l'Europe sortiront de l'impasse. Mathieu Plane, l'économiste médiatique de l'OFCE, rappela tout à l'heure sur France 24, qu'un départ de la Grèce, à fortiori non concerté, ne serait un service pour personne ; ni pour elle, ni pour nous. En économie ouverte, des engagements politiques et financiers mulilatéraux ne peuvent pas se détricoter rapidement et de façon indolore. D'ailleurs, seule une naïveté béate et inconséquente aurait pu résumer le référendum à une pure victoire démocratique, en oubliant que les Grecs auraient à choisir en creux entre la peste et le choléra.

Un accord est passé à l'unanimité, après des mois de négociation, voulue en particulier par le Parlement et le gouvernement grecs ; il convient de s'y tenir, par respect pour les Grecs et les partenaires européens. Si l'on n'en veut pas, on ne le signe pas. Papandréou vient subitement de s'en souvenir, qui vend ce soir le vote du Parlement comme celui de la seule représentation nationale légitime. Et sinon, quoi d'autre de concret au programme du G20 ?

mercredi 2 novembre 2011

LE PS ET LE RÉFÉRENDUM GREC : JOKER DU 50/50 OU DU COUP DE FIL À UN AMI ?

Aubry et Hollande alliés pour un communiqué commun. C'est suffisamment rare pour être souligné. Ils n'étaient certainement pas trop de deux pour porter la voix du parti dans l'actuelle tourmente européenne. Néanmoins, leur réaction au référendum grec, publiée sur le site du parti socialiste, se sera faite attendre. Trop. A leur décharge, leur hésitation et leur trouble étaient aussi "compréhensibles" que le référendum pour la ligne modérée du parti. Car valider sans nuance l'option référendaire de Papandréou au nom de la démocratie, aurait été paradoxalement un très mauvais calcul pour le destin du PS. Cela aurait vraisemblablement donné raison in fine au Front National, en facilitant officiellement et sans vergogne l'implosion de l’euro.

Grèce,Grecs,Papandréou,crise,dette,La solution de moindre mal consista donc hier à envoyer en service commandé le fusible Montebourg, quitte à sacrifier le fou sur l’échiquier politique pendant quelques années. Après avoir bataillé sur Twitter pour expliquer ses positions face à une partie de la presse légitimement dubitative, en particulier contre le journaliste Jean Quatremer de Libération, l'ex-futur impétrant et ses détracteurs finirent par se calmer sous l'effet du baume Hollande-Aubry.

La stratégie opposée aurait abouti au même résultat : accréditer le plan de Sarkozy-Merkel s'apparenterait en effet, en cas d'échec, à une complicité coupable de la gauche, conduisant à l'avènement irrésistible de Marine Le Pen en 2012.

En réalité, très peu de commentaires officiels auront été observés aujourd'hui de la part des responsables de partis. Preuve d'un malaise général sur une situation clivante et profondément incertaine pour tout le monde.

mardi 1 novembre 2011

RÉFÉRENDUM GREC : LA DÉMOCRATIE AU PILORI

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"L'Europe se donne du mal pour les aider, et ils pinaillent ?" Parfois, les champions de la démocratie la trouvent hors sujet. C'est le cas aujourd'hui dans une Europe qui se réveille stupéfiée, suite à l'annonce surprise de référendum, par le Premier ministre grec Papandréou.

"Irresponsable et insultant", a commenté l'umpiste Christian Estrosi, inquiet qu'une telle (in)décision ne ruine les efforts de Nicolas Sarkozy pour la stabilité de la zone euro et accessoirement pour la réélection de la droite à la présidentielle française de 2012.

Toutes les places boursières plongeaient déjà à la mi-journée, le CAC40 reculant de plus de 4%, le DAX de 5%. Deux réunions d'urgence élyséennes dans l'après-midi, dont un entretien téléphonique entre le chef d'Etat français et la chancelière allemande Angela Merkel (si elle ne s'est pas encore étouffée en mangeant ses Bretzel).

Grèce,Papandréou,ministre,premier,Sarkozy,France,Eurozone,euro,bourses,crise,dette,référendum,Estrosi,Merkel,Angela,AllemagneQuelques agents du chaos sonnent, telles des cloches pour ramener les fidèles de l'Eurozone à une trompeuse Raison. En première ligne le candidat du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, le faux idéaliste de service, pour qui le seul impérium resterait la souveraineté populaire, présupposant qu'elle existe encore en Europe. Parallèlement, la communauté Twitter ne tarda pas à fustiger l'inconséquence du Janus Manuel Valls, victime d'une amnésie temporaire de l'intérêt général européen et de notre intérêt français.

Décidément constants dans l'inconstance, l'irresponsabilité et l'égoïsme outranciers, les dirigeants grecs accomplissent la mission d'une Furie vengeresse, décidée à en finir avec la Grèce autant qu'avec l'Union européenne. La Grèce, début et fin d'une aventure européenne ? L'Histoire ou la légende retient que c'est sur Patmos, une île grecque, que l'Apocalypse aurait été rédigée par Jean l'Evangéliste...♦

ADIEU ESPRIT : LA MORT, FUTUR LEADER DE LA MODE

mannequin,crise,dette,esprit,marque,commerce,vêtements,prêt-à-porter,mince,squelettique,noirD'un côté, il y a les références directes aux conjurations de la morte saison, héritées du paganisme et aujourd'hui vampirisées par un folklore gore anglo-saxon largement kitch. C'est la fête d'Halloween. De l'autre, des messages larvés et franchement inquiétants quand on les remet en perspective. C'est le cas de cette affiche allégorique, prophétique, d'Esprit, où une Cassandre anorexique toute de noir vêtue semble préparer le consommateur à la récession et à l'austérité. "Pour 2012, la mode sera au noir et au squelettique. Faudra vous habituer, les jouisseurs consuméristes !"

jeudi 20 octobre 2011

CRISE ET BUDGET : APPEL À L'UNION SACRÉE

Le temps n'est plus au clivage droite-gauche. La formule n'est pas galvaudée : au contraire, elle n'a jamais été plus appropriée. Car, tandis que le monde politique et financier s'inquiète de la dégradation des notes souveraines et de la fébrilité boursière, notre classe politique hexagonale peine à s'accorder.

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Plutôt que de lister et chiffrer les dépenses d'un programme qui n'est pas encore décidé par le parti socialiste, l'UMP ferait mieux de prouver son sens des responsabilités. Le pragmatisme commande aujourd'hui d'accepter les propositions de tous bords. Que l'exécutif organise une table ronde avec toutes les sensibilités politiques et cela ne pourra que rassurer la France, ses partenaires, mais aussi les investisseurs. A défaut d'être une condition suffisante de stabilisation des marchés, c'est du moins une condition nécessaire.

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En face, lorsqu'une partie de la gauche propose une pure relance keynésienne, elle flatte l'électeur contemporain mais fait montre d'une inconséquence larvée, en reportant le règlement de la dette sur nos enfants, petits-enfants, et générations suivantes. Le principal que nous n'aurons pas payé devra l'être par nos descendants, renchéri d'une charge de la dette exponentielle. En outre, davantage de dépenses publiques signifiera demain et après-demain plus d'impôts et donc moins de consommation, d'investissement, de production, de croissance et d'emploi.

Après le temps des comparaisons, celui de la raison

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Nombre de regards seront braqués dimanche sur le prochain sommet européen. N'attendons pas son issue pour nous souvenir des bégaiements de l'Histoire. Le début du siècle passé nous a révélé l'escalade à laquelle pouvait conduire la conjonction de l'instabilité politico-monétaire et de la crise de confiance bancaire. Rappelons sans relâche à nos dirigeants qu'ils n'ont pas le droit d'être suicidaires.

lundi 17 octobre 2011

LA ROSE ET LE NOIR : MES CONDOLÉANCES AU PARTI SOCIALISTE

Commedia dell'arte socialiste : le bal des masques

"Joyeux". Voici le mot pour le moins inattendu, entonné par un choeur féminin, hier hostile, aujourd'hui fidèle et dévoué. La veille du dernier round de scrutin de la primaire socialiste, Martine Aubry avait annoncé la "fête" à venir pour lundi. La fête n'aura pas attendu. Ce soir, elle et Ségolène Royal, auront en effet été les premières à féliciter leur nouveau champion, cherchant à étouffer dans l'oeuf les critiques de la droite sur la nouvelle et ridicule union de façade du parti socialiste derrière l'élu. Oui, nous y voilà ... enfin ! Une partie du peuple de gauche s'impatientait. La droite tout autant, qui attendait de mettre un nom et un visage sur son principal adversaire.

Et quel adversaire ! L'ex-monsieur normal, l'ex-gauche molle, l'ex-honni au sein de son propre camp — liste non exhaustive. Voilà la redoutable incarnation des espoirs du PS. Cet homme, vous l'aurez reconnu, c'est François Hollande.

Ce petit chose encore informe il y a quelques mois, emprunté, gentiment drôle, presque touchant, gagna de l'assurance à mesure que le projet socialiste lui-même structurait ses propositions, densifiait ses attaques contre le Président Sarkozy. "Le corrézien serait-il mûr pour l'affronter en 2012 ?", s'inquiétait-on. Avant de vaincre, il fallait convaincre et asseoir sa crédibilité ! Alors les amis, collègues, médias, sondages, artistes un peu rebelles et beaucoup "bobos", unirent leurs forces pour que le miracle s'accomplisse. "Ayez confiance", aimait-il répéter. D'ailleurs, l'illusion était parfaite, ou presque. Nous naviguions dans des eaux nouvelles, celle d'une démocratie exemplaire, préfiguration d'une gauche du XXIe siècle, sur le point d'accoucher de la VIe République. Seulement, il y avait des fils. De grosses ficelles qu'un enthousiasme aveugle et juvénile avait omis de dissimuler. Retour sur le prélude d'un pari pourtant bien tenté.

Un cirque de marionnettes

Tout avait été habilement campé. Le décor installé de longue date, les consciences préparées, lavées par les médias-sondages. Des débats et péroraisons pédantes, s'enlisant inlassablement dans une torpeur intellectuelle confortable pour étouffer la carence des solutions à gauche face à la crise. Douce, insensible transition des âmes vers l'automne. Juste l'excitation du combat interne entre caciques et candidats du PS pour éviter l'endormissement devant la télévision. Et entre deux joutes courtoises, une tape lénifiante et consensuelle sur l'épaule. "Triomphe de la démocratie participative... Merci Ségolène... Merci aussi à toi Arnaud... Merci à toi Manuel..." Hommages collatéraux, auto-congratulations avant les retrouvailles du 16 octobre 2011 et le grand banquet annoncé pour mai 2012.

Alors bien sûr, il y aura eu quelques pseudo-piques, puis le second tour. Ce duel à l'épée au petit matin déprogrammé pour un match de catch. Les jeux étaient bien moins "faits", comme le disait un Pierre Moscovici jouant sur le double sens, que les dés n'étaient pipés. Car tout ceci, mesdames et messieurs n'était qu'un cirque de marionnettes — chacune à la place qui lui était dévolue. La reine d'entre elles est une marionnette sans tête, s'agitant en tout sens. Un "truc qui ne dérange personne" pour citer Jean-François Copé, un "Monsieur je ne prends position sur rien" selon Christian Jacobs, le patron des députés UMP à l'Assemblée Nationale. Rendons hommage à la droite qui ce soir a vu clair dans le jeu d'une alliance médiatico-socialiste dont l'objectif ultime est la non réélection de Nicolas Sarkozy dans 7 mois.

Tout ça pour ça !

"Un faux suspens", dira le secrétaire général de l'UMP. A 20 heures déjà, Christian Jacobs, invité sur le plateau d'itélé, n'accusait pas mais, sans ambages, remettait en question la probité du dépouillement et par là-même, le symbole de la primaire socialiste. "Qui nous dit que le vainqueur est réellement celui que le PS nous vend ?!" Quelle valeur peut-on en effet accorder à une organisation dont les modalités sont aussi opaques qu'internes ?

Un candidat du PS a été chéri, façonné par des médias si soucieux de son image, qu'ils devinrent les conseillers de sa communication et de son régime. Donné gagnant par les sondages, l'homme s'est montré ostensiblement "digne". Tout en retenue, déjà présidentiable, face aux attaques et petites phrases de sa première concurrente, une certaine maire de Lille, ancienne ministre qui accepta d'endosser les habits de la mégère et du faire-valoir de circonstance. Cependant, afin de se poser en "représentant légitime du PS et de tous ceux qui souhaitent destituer Sarkozy en 2012", il convenait d'étayer ses éléments de langage par des chiffres et des faits.

Lessiveuse en marche : "Rassemblement" et "légitimité"

19h45. Premiers résultats partiels sur 120 000 votants : plus de 56% pour Hollande, moins de 44% pour Aubry. Un rapport qui ne se modifiera pas significativement, instillant chez une poignée de crédules un message : Hollande l'emporte avec une large avance, et cette marge est stable et constante quelle que soit la taille de l'échantillon. Ce message, vendu comme un fait objectif, valide un premier élément de langage officiel, celui que les spectateurs auront entendu toute la journée : "François Hollande veut et peut rassembler le parti socialiste".

D'abord, faire croire à un plébiscite populaire. Presque 3 millions de votants, un électorat qui, factuellement, dépasse largement la foule des militants et vraisemblablement mélange des sensibilités de gauche, de droite et du centre. Certains ont voté par adhésion idéologique, d'autres par calcul pour choisir celui des candidats qui leur semblait le plus faible face à l'actuel chef de l'Etat. Ce biais stratégique évoqué la semaine précédente, aura été omis aujourd'hui ; ce jour était certainement celui des sincères, alléluia ! Surtout, le parti et le peuple socialistes n'avaient pas de candidat naturel. Hollande n'avait pas d'expérience ministérielle, ni de légitimité populaire pour rivaliser face à Nicolas Sarkozy. La symbiose crevait les yeux ; elle était trop inespérée pour qu'une main invisible ou des intérêts marketings n'influencent le destin. Après avoir été propulsé devant les caméras, Hollande fut ainsi élevé sur cette estrade où il fit dans la soirée son premier discours de présidentiable.

Le candidat socialiste, à défaut d'avoir l'expérience, a du moins conquis son premier argument de campagne : "la légitimité démocratique". Fera-t-elle le poids face au socle électoral huit fois plus élevé dont pourra s'enorgueillir le premier magistrat de France ? Royal et d'autres en semblent persuadés, eux qui qualifient cette légitimité d'"incontestable", préparant leur défense contre la volée de bois vert que l'UMP réserve à Hollande.

Hollande : la synthèse improbable entre Valls, Montebourg, Aubry, Royal et Baylet

Bises à tout va, entre Ségolène, François, Martine, et tous les autres. Bravo aux artistes pour cette comédie, dont l'épilogue, hélas, ne se jouera que post-mortem. Pour l'heure, tous dans la boîte ... en sapin ! Car le PS n'est plus uniquement un cadavre à la renverse : il est déjà mort ! Supplicié par l'absence de crédibilité, écartelé par ses propres contradictions ! Loin d'être le sauveur de la gauche, François Hollande usera de l'hypocrisie environnante comme le fossoyeur de sa pelle, prêt à ensevelir un cadavre déstructuré et décomposé dans la tombe des convictions socialistes.

Et pendant que les "Hollandistes" s'apprêtaient à sabrer le champagne au siège parisien du parti rue de Solférino, Henri Guaino, invité du Grand Jury sur RTL, se fit diable sonneur de glas. Se réappropriant insidieusement le protectionnisme de Montebourg et Mélenchon, le conseiller spécial du président de la République démontra que la droite n'avait pas dit son dernier mot, et qu'elle était prête à tout pour conserver l'Elysée. Même à vampiriser l'aile gauche esseulée au sein de cette nouvelle équipe sociale-démocrate. Au loin, une autre chanson fait écho à sa mélodie. Un dies irae sarcastique, martelé par la dernière candidate qui puisse encore ambitionner le second tour de la présidentielle...

mardi 11 octobre 2011

PRIMAIRE SOCIALISTE : DERNIÈRE LIGNE DROITE... AVANT LES COURBES

sarkozy,aubry,hollande,ump,ps,socialiste,gauche,vote,primaire,élection,présidentielle,2012,creuse,corrèze,ruralité,terroir,service public,europeEn déplacement aujourd'hui en Creuse, Martine Aubry fait d'une pierre deux coups. D'abord, elle tente de court-circuiter la thématique "rurale" du président Sarkozy, également présent dans le même département, en rappelant le démantèlement des services publics de proximité dont l'actuel chef de l'Etat est rendu responsable par la gauche. Ensuite, elle coupe l'herbe limousine sous le sabot du voisin corrézien, François Hollande, qui avait été fraîchement accueilli par des jets de boules de neige en mars 2005 en raison de son agrément à la Constitution européenne.

Néanmoins, le vrai face-à-face aura lieu demain soir, Martine retrouvant François sur France 2, pour l'explication socialiste d'entre-deux tours. Afin de répondre aux exigences de pluralité et d'impartialité que lui impose son statut, et éviter les foudres de la majorité et du CSA, le service public a en outre prévu un débat ultérieur entre les différentes sensibilités de l'UMP.

Sarkozy,Aubry,UMP,PS,socialiste,gauche,Hollande,présidentielle,primaire,élection,2012,Creuse,Elysée,Corrèze,Limousin,ruralité,terroirsAubry ou Hollande ? Verdict dimanche 16 octobre. "Ouf ! C'est fini", se rassure Nadine Morano. On peut éprouver un soulagement certes, mais aussi une inquiétude. Celle de voir succéder au défilé de mode policé et prétendûment démocratique, les querelles intestines et l'oubli de la démocratie populaire.

Le futur candidat, s'enorgueillissant d'un début de légitimité pourrait bien être atteint de surdité précoce et sélective. Déjà hier, François Hollande assura aux électeurs de Montebourg qu'il les avait "entendus", tandis que Martine Aubry assurait qu'elle ne changerait pas de cap pour complaire aux partisans de la démondialisation.

Finalement, n'eût-il pas été plus démocratique d'avoir un seul candidat donnant la parole à l'ensemble du peuple plus qu'à ses alliés directs ou aux amis de ses amis ? A moins qu'Hollande et Aubry, heureux d'utiliser les règles de la Ve République pour défendre les vertus d'une VIe encore abstraite, ne parviennent à satisfaire tout le monde — un grand écart que même Marine Le Pen trouverait douloureux pour les articulations institutionnelles. Et dire que les deux "impétrants", comme les a nommés Arnaud Montebourg (qui vient de s'attacher une particule virtuelle depuis son "quasi triomphe" du premier tour), vantent les mérites de la cohérence. Mieux vaut entendre cela que d'être sourd♦

lundi 10 octobre 2011

RÉSULTATS DE LA PRIMAIRE PS : UNE ARITHMÉTIQUE SPÉCIEUSE

"2.5 millions d'électeurs se sont déplacés : belle réussite pour les socialistes". On oublierait presque qu'il s'agit bien cette fois d'une primaire... ouverte !

Je ne croyais pas devoir rédiger cette brève note, considérant sa conclusion triviale. Or il semblerait que ce ne soit pas si évident pour tout le monde.
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En admettant même que les socialistes représentent 3/4 de cet échantillon, on arrive à un score inférieur à 1.9 millions soit moins de 4% du corps électoral. Alors sauf à considérer que les 14 millions de voix socialistes résiduelles (à suffrages de 2007 constants) ont eu peur d'être fichés, on ne peut que constater que cette primaire, d'un engouement et d'une conviction populaires très relatifs, est tout sauf un "succès". Où est cette populace assoiffée de revanche à l'égard de l'actuel chef de l'Etat qu'on nous promettait ?

dimanche 9 octobre 2011

PRIMAIRE SOCIALISTE : SALE TEMPS POUR LA DÉMOCRATIE

Royal,Ségolène,primaire,socialiste,PS,cirque,UMP,FN,tribune,Aubry,HollandeDémocratie factice, arrangements opportunistes et détournement des règles de la concurrence. Ce cirque, loin d'être la réussite que les médias ostensiblement complices (au plus bas de leur objectivité depuis la fin de la guerre froide) nous vantent, est symptomatique d'une véritable carence idéologique du PS ; le manque de convictions le disputant à l'absence de cohésion. "En Italie les primaires ont désintégré le parti qui les portait" commente Jean-Luc Mélenchon. Le candidat du front de gauche reste persuadé qu'après l'énoncé des pseudo-différences, tout le monde rentrera sagement dans les rangs, la Ve République "machine à niveler" retrouvant alors son régime de croisière.

Tout reste à construire, et à moins de 8 mois de la présidentielle, n'offrir aux Français dépités par les affaires et la crise, qu'un laboratoire de propositions floues et irréalistes, a quelque chose d'indécent. Nos représentants sont d'abord en représentation d'eux-mêmes comme on disait autrefois de Louis XIV. Ce n'est pas qu'ils prennent les gens pour des cons, c'est qu'ils ne les comprennent pas.

De passage sur plusieurs forums, je n'ai pu que constater qu'une autre machine, celle à censurer, s'activait pour étouffer les voix discordantes susceptibles de dévoiler la nature véritable de la primaire. Les Français sont parfois moutons de panurge, mais leur mémoire n'est pas exactement celle d'un poisson rouge. Face à l'érosion résolue du pouvoir d'achat et à cette foire littéralement grotesque qu'est la dégradation consentie des notes d'Etat ("Penche-toi, chérie... ça fait mal au début mais ça ira mieux après"), à quoi ont le droit nos compatriotes ? Un traitement des problèmes à la racine ? Pensez-vous ! A droite, au mépris affiché par le gouvernement pendant la réforme des retraites, et à gauche au favoritisme éhonté des médias durant la couverture redondante des débats primaires. Pour les solutions on repassera : avez-vous appris quelque chose sur le projet PS que vous n'auriez pu deviner sans ces émissions ?
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La droite et la gauche se partagent ce qu'il reste du gâteau et se retrouvent le temps d'attribuer le label "Anti-républicain" aux partis extrémistes. Le problème c'est que le gâteau fond à vue d'oeil, réalisant la prophétie marxiste. La conséquence est encore plus prévisible : la plus grosse surprise risquerait bien de durcir les valeurs, et de délaisser le rose et le bleu d'outremer pour une couleur plus foncée...♦

mercredi 5 octobre 2011

CLASH DIPLOMATIQUE À L'ONU : CHINE ET RUSSIE OPPOSENT LEUR VETO À UNE RÉSOLUTION CONTRE LE RÉGIME SYRIEN

"La Russie et la Chine préféreraient vendre des armes au régime syrien !" De prime abord, on pourrait croire à une reviviscence de la guerre froide. Nous n'en sommes pas là, mais c'est pourtant bien un missile diplomatique que les deux géants de l'Est viennent conjointement de tirer sur le bloc occidental, couvrant tacitement la répression sanglante en Syrie.

Susan,Rice,veto,Chine,Russie,ONU,NU,diplomatie,US,Etats-Unis,Clinton,Syrie,AssadLes propos sont aussi désabusés que révoltés. Et ils sont le fruit de l'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU. On a en effet appris en fin de soirée que la Russie et la Chine, membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, rejetaient la proposition de "mesures ciblées" contre le régime de Bachar al-Assad. "Aujourd'hui, le peuple courageux de Syrie peut maintenant voir qui dans ce Conseil soutient ses aspirations à la liberté et aux droits de l'homme universels et qui ne le fait pas", a déploré Susan Rice.

Même son de cloche côté français où l'on regrette un immense gâchis diplomatique et, en creux, une complicité irresponsable et criminelle. "Le veto russe et chinois est une expression de mépris pour les aspirations légitimes qui s'expriment courageusement en Syrie depuis cinq mois. C'est un rejet de ce formidable mouvement en faveur de la liberté et de la démocratie qu'est le Printemps arabe", s'est ainsi insurgé l'ambassadeur de France à l'ONU, Gérard Araud. Le ministre des Affaires Etrangères Alain Juppé s'est lui étonné de cette palinodie inattendue, alors que l'option édulcorante de "mesures ciblées contre le régime d'Assad" (au lieu des "sanctions" initialement souhaitées) avait recueilli le consensus onusien quelques jours auparavant.

Syrie,Bachar,Assad,tyran,dictature,morts,ONU Il s'agit du premier veto russo-chinois depuis celui qui avait bloqué des sanctions de l'ONU contre le président du Zimbabwe Robert Mugabe en juillet 2008. Toutes les autres nations ont en outre voté pour la résolution, à l'exception de l'Afrique du Sud, de l'Inde, du Brésil et du Liban qui ont préféré s'abstenir.

Pendant que la diplomatie internationale en dangereux alchimiste transmute les tergiversations en désunion explosive, le régime syrien continue de décimer sa population à tour de bras : 2 700 morts depuis la mi-mars et 11 nouvelles victimes aujourd'hui selon l'Observatoire Syrien des Droits de l'Homme.

mercredi 28 septembre 2011

DÉBAT DE LA PRIMAIRE (LE RETOUR). HOLLANDE : REGONFLEZ LA BAUDRUCHE !

Fin du second débat de la primaire socialiste sur itélé. Plus rythmé et vivant que le premier tour de manège, mais peu d'informations nouvelles. Sur la forme, une semi-cacophonie de dîners de famille un peu arrosés, où chacun tonitrue ses différences dans des confrontations poussives avant que tout le monde rejoigne la bonne franquette consensuelle. Sur le fond, quelques désaccords assumés et, ne soyons pas naïfs, largement convenus. Communication médiatico-politique oblige. A l'issue de l'émission, chacun louera son champion.

primaires,socialistes,PS,Hollande,Aubry,Valls,Montebourg,débat,itélé,Baylet,Royal,SégolèneIl y a d'abord les prévisibles. Aubry conservatrice et rassembleuse. Royal déroulant fièrement son CV, vantant ses réussites poitevines. Offensive également, encore plus que de coutume, cherchant à couper la parole à ses concurrents ("des petites phrases agaçantes comme des petits cailloux" selon Christophe Barbier), dans un espoir désespéré de combler son écart dans les sondages. Montebourg fidèle à son credo de démondialisation et de réindustrialisation, dont il a pu préciser un peu plus les contours. Baylet tentant de capter les voix centristes à grands renforts de terminologie ostensiblement laïcarde, humaniste et européiste.
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Et puis les évolutifs-progressistes. Mister Culbuto (dixit Jacques Maillot, fondateur de Nouvelles Frontières), devenu ce soir Mister Baudruche : j'ai nommé François Hollande. Conscient que contrairement à Aubry et Royal, il ne peut miser sur l’expérience gouvernementale pour promouvoir sa candidature, le président du conseil général de Corrèze tenta en effet de se présidentialiser en endossant des habits de sage sphinxial et de moralisateur, manifestement trop amples pour l'homme au régime draconien. "Ayez confiance" serina le Balladur light de gauche, entre deux tentatives mal préparées de se démarquer des autres candidats. En politique, les singes ne font pas des sages.

Valls,Manuel,itélé,primaires,débat,socialiste,PS,EvryReste Valls. Moderne, mordant et parfois taquin, mais dont l'impératif redondant "Il faut dire la vérité aux Français" finit par jeter la suspicion sur son propre camp. Le débat sur la TVA sociale avec Montebourg donna lieu à une paraphrase (révélatrice ?) de Giscard : "Arnaud, tu n'as pas le monopole de la gauche". Enfin, on aura noté aussi la volonté affichée du maire d'Evry de se servir de son ancrage local en banlieue pour reconquérir habilement l’électorat populaire, largement délaissé par Hollande et Aubry.

Troisième et dernier débat, mercredi prochain à 20h30 sur BFMTV-RMC. [crédits photo : Sipa/Dufour-pool]

lundi 26 septembre 2011

VICTOIRE DE LA GAUCHE AUX SÉNATORIALES : DE LA NÉCESSITÉ D'UNE TROISIÈME VOIE

socialiste,PS,gauche,Bel,Jean-Pierre,sénat,président,électionsLes socialistes, galvanisés par le gain historique de la majorité sénatoriale, ont déjà parié sur la victoire d'un des leurs à la présidence de la Chambre haute. Sur le plan strictement arithmétique, sans "magouille" (dixit Jean-Pierre Raffarin) et autres arrangements d'alcôves, Jean-Pierre Bel ou Catherine Tasca devrait effectivement remporter le "plateau". Cette alternance risquerait néanmoins de transformer demain la respiration démocratique en blocage, et après-demain l'opposition en parti majoritaire tout-puissant.

gauche,socialiste,sénat,Rome,Romains,élections,2012,assemblée,parlementLe contre-pouvoir n'a de réalité que dans l'équilibre des forces et la représentativité. Que cette victoire de la gauche présage d'une vague rose aux élections présidentielles et législatives, et au printemps socialiste succédera la même désillusion que sous le mandat de Nicolas Sarkozy. A moins bien entendu qu'au contraire du chef de l'Etat sortant, la gauche respecte ses engagements et aménage la Constitution pour plus de représentativité citoyenne au Parlement. Hélas, l'Histoire montre que les socialistes ont, de ce point de vue, été au moins aussi frileux que les partis de droite. Alors wait and see.

Si en 2012, la gauche, parti socialiste en tête, devait avoir la main mise sur les pouvoirs législatif et exécutif, et quand bien même parviendrait-elle à unir toutes ses sensibilités, nos institutions finiraient par souffrir de l'absence d'opposition efficace. Après la contradiction de principe face à Sarkozy, ce serait pour la République le temps d'un nouveau consensus mou et d'une sclérose idéologique à forte tonalité "bobo", à peine troublée par les composantes écologistes et communistes. Sans troisième voie indépendante des socialistes et de l'UMP, sans une autre voix susceptible non seulement d'arbitrer les débats mais aussi de les animer, la démocratie est en danger.

gauche,socialiste,PS,sénat,assemblée,2012,présidentielle,législatives,FN,front national,Marine Le Pen,fascisme,anarchieEn supposant que ce retournement du Sénat marque l'entrée dans une nouvelle ère socialiste, je souhaite à ces hommes de gauche de ne pas rater leur rendez-vous avec la France. Autrement, il existe un risque non négligeable en 2017 qu'après deux déceptions, respectivement de droite et de gauche, nous subissions un réveil de l'anarchie ou de son contrepoids et corollaire, le fascisme.

vendredi 23 septembre 2011

DEMANDE DE RECONNAISSANCE DE L'ÉTAT PALESTINIEN : LE COUP DE FORCE PACIFIQUE D'ABBAS

Fascinante accélération de l'Histoire aujourd'hui avec la demande explicite et officielle de reconnaissance de l'Etat palestinien, par le président de l'Autorité Palestinienne, Mahmoud Abbas, auprès des instances de l'ONU. Un moment historique, même si la requête a peu de chances d'aboutir. Le journaliste spécialiste de politique internationale d'itélé, Olivier Ravanello, nuance ainsi : "La Palestine n'aura peut-être pas gagné un Etat, mais elle aura trouvé un chef d'Etat".

abbas,onu,diplomatie,palestine,israël,netanyahu,colons,gaza,cisjordanie,jerusalem,intégrisme,obama,hamasCertains ne l'en croyaient pas capable. "Trop velléitaire". Pourtant, il a osé ! L'initiative est fraîchement accueillie par Israël, même si ce soir à l'Assemblée Générale Netanyahu s'est montré conciliant, assurant son allié que la paix était bien l'objectif commun aux deux peuples. Les Etats-Unis, qui avaient multiplié les tractations avec Abbas depuis plusieurs jours dans l'espoir de le voir renoncer à son coup de poker, ont peu apprécié. Une grise mine ostensiblement affichée, représentative, selon la journaliste Laurence Haïm (itélé), d'un "véritable échec de la diplomatie d'Obama". Entre les difficultés intérieures et la perte d'autorité internationale, la réélection du chef de l'Etat américain semble bien compromise.

Un autre point de vue très intéressant, celui d'Elias Sanbar, l'ambassadeur de Palestine à l'UNESCO, cet après-midi sur Europe 1. Selon lui, les Etats-Unis sont d'autant plus réticents à ce va-tout diplomatique et pacifique "unilatéral", qu'ils ne "veulent pas partager le processus de paix -- chasse gardée". L'ambassadeur reproche implicitement aux Etats-Unis de vouloir conserver l'arbitrage majoritaire du processus de négociation, afin d'être juge et partie pour la cause israélienne, et au final d'entretenir le statu quo ou de faire achopper les négociations. Une reconnaissance de l'Etat Palestinien, arriverait-elle après une étape intermédiaire d'Etat observateur comme celle que proposait le président français Nicolas Sarkozy, modifierait radicalement la donne géopolitique au Proche-Orient et le leadership de l'alliance israélo-américaine.
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Certes, la contre-attaque d'Obama est attendue et reconnue avec lucidité et franchise par notre ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé. Interrogé hier sur itélé, il valida dans le langage diplomatique ce que l'opinion sait déjà : quelle que soit l'intensité des pourparlers prévus dans les semaines qui nous séparent du verdict onusien, le membre permanent américain opposera son veto au sein du Conseil de sécurité.

Néanmoins, et sans préjuger du résultat procédural, Ramallah (Cisjordanie), en liesse, célèbre déjà une avancée. Le peuple palestinien, approuvant à 80% l'action d'Abbas, est en effet conscient que le courage de celui qui se présente à l'ONU avec seulement "un olivier dans la main et pas de fusil" (contrairement à la métaphore plus belliqueuse d'Arafat) est porteur de chance et d'espoir.

La chance que le monde, obnubilé par ses propres difficultés intérieures et par le printemps arabe, tourne de nouveau ses yeux vers le processus de paix. L'espoir que cette tribune offerte par l'ONU et les pourparlers qui s'annoncent, puissent enfin cristalliser la paix de deux voisins qui n'aspirent au fond qu'à exister. [crédits photos : respectivement Reuters / Mike Segar et AFP]

jeudi 22 septembre 2011

KARACHI - LE DÉMENTI OFFICIEL DE L’ÉLYSÉE : "ATTRAPÉ LA MAIN DANS LE SAC ?"

Voici le communiqué officiel de l'Elysée publié ce jour sur le site www.elysee.fr, visant à démentir les accusations mettant en cause Nicolas Sarkozy et son entourage direct dans le dossier Karachi.
"Communiqué de la Présidence de la République :
La Présidence de la République tient à apporter les précisions suivantes :
- M. Nicolas SARKOZY n'a jamais dirigé la campagne de M. Edouard BALLADUR.
- Il n'a jamais exercé la moindre responsabilité dans le financement de cette campagne. Il en était le porte-parole.
- S'agissant de l'affaire dite de « Karachi », le nom du chef de l'Etat n'apparaît dans aucun des éléments du dossier. Il n'a été cité par aucun témoin ou acteur de ce dossier. Il y est donc totalement étranger d'autant plus qu'à l'époque où il était ministre du Budget, il avait manifesté son hostilité à ce contrat comme cela apparaît dans les pièces de la procédure.
- Les familles des victimes de l'attentat de Karachi ont droit à la vérité et au respect de leur souffrance.
Tout le reste n'est que calomnie et manipulation politicienne."
Problème : pour savoir si le nom de Nicolas Sarkozy a été mentionné ou non dans le dossier protégé du secret de l'instruction, il aurait fallu que l'exécutif le viole. Une "République irréprochable" qu'il promettait, c'est cela ?

lundi 19 septembre 2011

QUAND LA FUSÉE AUBRY N'ARRIVE PAS A LARGUER LES ÉTAGES DSK ET HOLLANDE

Objectif clairement affiché : l'Elysée en 2012. Etapes préparatoires : faire oublier DSK et doubler François Hollande dans les sondages... par tous les moyens.

DSK,Strauss-Kahn,PS,socialiste,Chazal,TF1,confession,Diallo,SinclairDimanche 18 septembre. Journal de 20h sur TF1. Un rendez-vous plus attendu et commenté que jamais avec la première intervention télévisée de Dominique Strauss-Kahn depuis son retour en France. Après que Claire Chazal ait interrogé l'ancien directeur du FMI sur ses démêlés judiciaires, elle ramena l'échange sur le terrain politique. En particulier sur la réalité du fameux pacte de non-agression mutuelle dit de Marrakech.

Et là, stupéfaction. Un cadeau empoisonné dont n'avait certes pas besoin une candidate qui peine à rattraper son retard dans les sondages vis-à-vis de François Hollande. Car tandis que Martine Aubry jouait, si ce n'est le démenti, du moins l'équivoque au début du mois dans l'émission "On n'est pas couché" sur France 2, DSK, lui, ne tergiversa pas : "Oui il y a eu pacte entre Martine Aubry et moi", affirma-t-il ce dimanche soir. Une incohérence ou une trahison (bilatérale ou non) qui risque de constituer un handicap supplémentaire dans la longue course vers l'Elysée, pensez-vous ? Presque. Ce serait en effet compter sans un deuxième étage susceptible d'obérer l'ascension politique de la maire de Lille.

Aubry,PS,socialiste,Grand Jury,Mougeotte,AphatieQuelques minutes avant l'intervention de DSK, Martine Aubry était l'invitée du Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro. Questionnée légitimement sur le ressenti de sa performance suite au débat des primaires diffusé sur France 2 jeudi soir, elle répéta avec conviction "Mon adversaire n'est pas François Hollande mais Nicolas Sarkozy".

Jusque là, l'ordre et la paix prônés par Hollande semblaient respectés. Seulement, quelque chose sonnait faux, Martine Aubry paraissant gênée aux entournures par son nouvel habit de candidate à la primaire.

"Nous... pardon, je". La mue ne serait-elle pas totalement achevée, de sorte que le rôle de première secrétaire maître d'oeuvre du projet socialiste lui serait encore totalement chevillé au corps ? Non, il y avait autre chose. Comme le ton maternel et protecteur d'une femme rompue aux vicissitudes de la vie politique, qui souhaite endosser l'investiture suprême pour éviter à sa progéniture les mêmes désillusions et revers. Son argumentaire de campagne "J'ai de l'expérience [...]" était ce soir largement nuancé, contrebalancé par un "J'ai fait des erreurs" -- une amende honorable à la tonalité d'ailleurs étrangement proche de la contrition médiatisée de DSK.

Première charge du directeur du Figaro. A la question d'Etienne Mougeotte : "Qu'avez-vous de plus que François Hollande ?", Martine Aubry, sentant qu'elle ne pouvait plus se dérober, tomba finalement le masque, pourfendant dans la foulée et sa propre armure et la crédibité du favori PS.

C'est surtout par cette nouvelle rengaine chargée de sous-entendus "La politique c'est sérieux. Il faut de la clarté et de la cohérence" qu'est arrivé l'orage. On l'attendait. D'abord, une étincelle dans l'œil d'Aphatie lorsqu'Aubry critique ouvertement la proposition rivale de "contrat de génération". "Déjà expérimenté, ça ne marche pas", affirme-t-elle. Ira-t-elle jusqu'à oser un "Hollande est incompétent" ? L'aveu est quasiment là, à portée de questions. Opiniâtre et, flairant une nouvelle félonie au sein des caciques du parti, le journaliste de RTL explora donc plus avant cette nouvelle piste. Lâchez pas prise, "travaillez-la", les gars ! Entonnera-t-elle la réponse du berger à la bergère, assortie d'une claque verbale et d'un coup de pied au derrière si tonitruants que Ségolène Royal ferait office de tendre brebis en comparaison ? La réponse.
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Hollande une "girouette" donc ? Martine Aubry n'est guère pressée de le nier. Pas plus que de défendre ses qualités de présidentiable et d'opposant à l'actuel chef de l'Etat. Ferait-il un bon ou un mauvais président ? "C'est aux Français d'apprécier". Et enfin le coup de grâce : "Si François Hollande gagne la primaire, ce que je ne crois pas..." Alors, quel que soit le candidat qui sera désigné à la primaire socialiste, la présente archive permettra à tous les électeurs, de droite comme de gauche, de se souvenir des initimités réelles derrière les futures alliances de façade. Aubry et Hollande ne peuvent pas se blairer, cela est à présent démontré. Qu'ils prétendent pouvoir gouverner le pays ensemble, et ils ne feront qu'amuser la galerie et se décrédibiliser encore un peu plus.

Après les révélations de Bourgi la semaine dernière, la gauche opportune a fustigé "la culture de trahison" de la droite. L'ironie du sort lui rappelle aujourd'hui avec force que la trahison ne connaît ni frontière ni parti. Même les familles politiques qui se veulent soudées, s'assassinent parfois. Pour paraphraser Kissinger, "La politique n'a pas de principe, elle n'a que des intérêts"♦

samedi 17 septembre 2011

NOUVELLE PRISE DE LA BASTILLE... AUX ÉTATS-UNIS

new york,takewallstreet,finance,crise,bourseSymbolique (devant Wall Street) et pour l'instant relativement peu suivie. Et pour cause : à l'origine, un appel du collectif Anonymous, sans aucun relais des médias traditionnels. Quelques centaines voire milliers de manifestants ont suivi la révolution démocratique, notamment en France et en Espagne. Des Indignés qui portent à peu près tous le même message : suivons l'exemple du printemps arabe, et libérons nos nations occidentales du joug des 1% les plus riches et des spéculateurs qui dépossèdent les peuples de leur souveraineté, s'accaparent, sous couvert de libéralisme et de capitalisme, tous les pouvoirs économiques et politiques.

D'aucuns s'étonnent : "Le 17 septembre est un samedi, la Bourse est fermée !" Certes, mais les organisateurs précisent que cette date, choisie pour coïncider avec le Jour de la Constitution ou Jour citoyen aux Etats-Unis, n'est que le début du processus vers "la démocratie réelle" et non une fin. Quelques hashtags de circonstance : #OccupyWallStreet #TakeWallStreet #Sept17.

"Ni anarchie, ni corporatisme, mais démocratie réelle", voilà en substance leur slogan. Premiers adversaires : les "corps intermédiaires" entre le peuple et leurs représentants, les spéculateurs et les structures corruptrices. Ils précisent qu'ils ne sont pas hostiles au libéralisme, mais à la forme contemporaine du capitalisme : "la démocratie n'est pas l'ennemi du libéralisme, mais son complément nécessaire". Ce mouvement peut être perçu comme stérile ou révélateur de cette année de bouleversements économiques et politiques que nous connaissons. Face aux crises, toutes les bonnes volontés et idées constructives doivent se manifester librement.

Personnellement, je ne me représente pas ces manifestants comme des ennemis du libéralisme, mais au contraire comme les meilleurs alliés pour reconstruire, demain, un libéralisme dont l'énoncé sera épuré de toute connotation péjorative. Un environnement où la liberté d'entreprendre retrouvera sens et force. Laisser des oligarchies financières générer leurs propres oligopoles n'est pas servir l'esprit démocrate et libéral dont se sont toujours targués les Etats-Unis. Cela n'offre pas davantage de modèle de croissance durable, équilibrée et humaine au reste du monde. Donc oui, le changement est nécessaire. Laissons l'Histoire emprunter la marche que l'humanité requiert. A suivre donc♦