mardi 25 janvier 2011

RÉVOLTE TUNISIENNE ET CONFUSION FRANÇAISE

Fi des critiques démagogiques et des généralisations pessimistes : « Tous des pourris ! Ils ont tout faux ! » On peut toujours considérer le verre à moitié plein comme étant à moitié vide. Les évènements récents tunisiens le démontrent parfaitement et on a vite entendu s'élever la voix des soi disant spécialistes, politologues et chroniqueurs de tous poils, pour dénoncer une « honte » institutionnelle. J'ai l'audace de proposer une interprétation différente du sens des faits.

La valse-hésitation des dirigeants politiques français qui accueillaient hier Ben Ali en ami, et aujourd'hui lui tournent le dos, prouvent, selon moi, à quel point le peuple reste fondamentalement maître de son destin lorsqu'il prend conscience de sa propre légitimité. Le changement d'attitude de notre classe politique dans cette affaire est le résultat même de la volonté souveraine du peuple tunisien. Tant qu'il appréciait son régime, nos gouvernements étaient bienveillants à l'égard de l'exécutif tunisien. Lorsque le vent a tourné et que le peuple a désavoué et renversé le régime, son principal leader en fuite face aux révoltes est devenu, de facto, un ingrat lâcheur, un dictateur avouant sa nature liberticide.

Plutôt que d'interpréter hâtivement le comportement de nos autorités comme un acte de couardise ou un calcul politique, je parlerais de pragmatisme. Qu'elles aient manqué de clairvoyance, oui. Mais comment reprocher à la diplomatie française sa prudente diplomatie ? A-t-elle entravé l'action du peuple ? Non, le résultat est là. Pour l'avenir de ce peuple courageux, l'histoire est bel et bien en marche. Prenons-en de la graine.