samedi 26 mars 2011

JAPON : SÉISME, TSUNAMI ET ACCIDENT NUCLÉAIRE

Tragique ironie de l'histoire et dramatique télescopage de thèmes, à l'heure où notre pays s'inquiète de possibles "vagues d'immigration" qui déferleraient sur les rivages européens de la Méditerranée, des vagues réelles submergent le Levant et les îles du Pacifique. Il y a deux jours, en présentant une autre vidéo, j'usais de la même terminologie pour évoquer la crainte de nombreux politiciens français de voir s'abattre sur nos côtes "un raz-de-marée Front National". Cette actualité asiatique nous rappelle que nous serions bien inspirés d'accorder moins d'attention au "buzz franco-français", et un peu plus à ce qui se passe ailleurs dans le monde.


Source vidéo : CNN.
Fond sonore : "Air de l'esprit du froid" par Andreas Scholl et l'Accademia Bizantina, extrait du "Roi Arthur" de Purcell.

12/03/2011, 00h heure française. Le Japon se réveille endolori, compte les pertes humaines et matérielles. Les autorités ont établi des périmètres de sécurité autour des deux plus importantes centrales nucléaires du nord du pays. L'une d'elle a enregistré localement un taux de radioactivité mille fois supérieur à la normale. De quoi alimenter encore le parfum de fin du monde et l'attrait contemporain pour les prophéties apocalyptiques ...

13/03/2011, 05h22 heure française. Après l'explosion de la structure externe d'un réacteur hier, la BBC relaie des inquiétudes très sérieuses du gouvernement japonais quant à la fusion possible de deux réacteurs de la même centrale.

15/03/2011, 03h heure française. Le réacteur n°2 a connu à son tour une explosion, endommageant cette fois l'enceinte de confinement et libérant un surcroît d'émissions radioactives. Le Premier ministre japonais Naoto Kan vient de révéler l'incendie du réacteur n°4. Il a décrété un périmètre de sécurité de 20 kilomètres, et recommandé aux habitants se situant entre 20 et 30 kilomètres de rester chez eux en calfeutrant leurs portes et fenêtres. Un nouveau séisme de magnitude 7 est par ailleurs attendu d'ici 48 heures.



Reportage de France 24.

15/03/2011, 23h40 heure française. Nouvel incendie autour du réacteur n°4. Le stoïcisme des japonais a cédé la place à la défiance vis-à-vis des lénifications officielles, puis à la peur, entraînant des exodes massifs vers le sud de l'archipel. La perspective d'une contamination nucléaire commence même à inquiéter les voisins chinois et russes. La commission européenne parle d'"apocalypse nucléaire" et d'une situation "hors de contrôle". A Tokyo, pourtant hors du périmètre de sécurité de 30 km, des taux de radioactivité dix fois supérieurs à la normale ont été mesurés ce mardi 15 mars 2011. Sur place, 50 des 800 techniciens sont encore mobilisés pour ce qui ressemble davantage à une série de traitements palliatifs, voire d'opérations de la dernière chance, qu'à une guérison. Le Japon, marqué à vie par Hiroshima et Nagasaki, est en train de revivre une catastrophe d'autant plus terrible qu'elle semble inexorable. Un constat d'impuissance affligé qui envahit les peuples, autant que les experts et responsables politiques du monde entier.

16/03/2011. 02h20 heure française. Aucune chaîne de télévision francophone ne relaie en temps réel les informations, pour le moins préoccupantes. Elles se contentent de répéter en boucle les mêmes reportages enregistrés la veille à 22h. Cette lacune masque les contradictions qui apparaissent sur les chaînes japonaises et américaines. Ainsi l'annonce antérieure d'un arrêt de feu sur le réacteur 4, est démentie par les données visuelles "live" de télévisions japonaises qui continuent de montrer de la fumée blanche qui s'en échappe. En outre, la Tokyo Electric Power Company (Tepco) a confié son pessimisme quant à l'efficacité de la solution aérienne pour refroidir les bassins de rétention. Toutes les autorités cherchent à relativiser la situation en expliquant que les réacteurs sont coupés et qu'il n'y a par conséquent aucune chance que le scénario d'explosion à la Tchernobyl se produise. Elles omettent juste de mentionner que les émissions radioactives ne sont ni uniques ni ponctuelles, mais bien continues. Après avoir évoqué la course contre la montre des techniciens, il semblerait qu'à présent le leitmotiv implicite soit "prions et espérons un miracle".

02h37 heure française. Tepco exprime sa "difficulté à voir sur les vidéos transmises par la chaîne NHK ce qui se passe exactement à Fukushima". Et pour cause, l'atmosphère semble totalement saturée.

02h46 heure française. Tepco rapporte que le réacteur 3 émet des fumées blanches et grises depuis 45 minutes. Disons les choses franchement : les travailleurs restés sur place sont condamnés, sacrifiés pour sauver leurs semblables. Pour éviter de le reconnaître, les autorités diffusent sur NHK des mesures de radioactivité "raisonnables", comprenez "des taux inquiétants, mais pas mortels".

04h heure française. Le porte-parole du gouvernement japonais a annoncé le retrait du personnel qui travaillait encore près des réacteurs, suite à une hausse brutale des taux de radioactivité sur le site. Un nouveau tremblement de terre important est prévu dans les heures qui suivent ... Selon Nathalie Kosciusko-Morizet et François Baroin, le pire des scénarios envisagé produirait des conséquences supérieures à celles de Tchernobyl. En fin d'après-midi, l'Agence Internationale de l'Énergie Atomique a révélé que des taux 300 fois supérieurs à la normale avaient été observés à 100 km de Tokyo.

22h heure française. Une information importante publiée par le Parisien : "Il est fort probable que l'on détecte le passage du nuage à partir de la semaine prochaine sur notre territoire" a expliqué Jean-Marc Peres, chef du service d'études et de surveillance de la radioactivité dans l'environnement au sein de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). L'expert assure néanmoins que le risque sanitaire est nul, en raison du phénomène de dispersion et de dilution des particules au cours d'un trajet de plusieurs milliers de kilomètres. Selon lui, "le niveau de radioactivité sera en-deçà du seuil nocif, c'est une certitude". Une fois n'est pas coutume, je rends hommage aux ministres français, Nathalie Kosciusko-Morizet en tête, qui n'ont pas minimisé l'ampleur du drame, et dont les avertissements ont même devancé certaines déclarations officielles japonaises.

17/03/2011, 02h heure française. NHK diffuse en direct l'arrosage des réacteurs par les hélicoptères. La forte radioactivité contraint les engins à un survol distant, qui handicape la précision et l'efficacité des manœuvres. Imaginez l'incendie d'un appartement qu'on tenterait d'éteindre avec un brumisateur.

02h20, départ des hélicoptères, les canons à eau prennent le relais. Ces opérations dérisoires évitent surtout au Japon d'être qualifié de fataliste et de passif face aux évènements.



Source vidéo : France 24 (26/03/2011).

26/03/2011. Des nouvelles alarmantes nous parviennent tous les jours à propos de la réalité de la crise nucléaire au Japon. Pour de nombreux observateurs, le plus inquiétant n'est pas ce qu'on sait, mais ce qu'on nous cache. "Tepco et le gouvernement japonais peinent à maîtriser la situation mais ne veulent pas non plus affoler la population" disent les japonais. Jusque là, le refrain est bien connu.

La nouveauté, c'est ce communiqué officiel d'un laboratoire du Criirad (Commission de Recherche et d'Information Indépendantes sur la Radioactivité) qui, au lendemain de leur publication, relativise les premiers résultats d'analyse rassurants, relatifs au nuage radioactif qui a survolé pour la première fois notre pays. La commission française émet ainsi deux principales réserves méthodologiques à l'encontre des études portant sur des prélèvements d'iode et réalisées au Puy-de-Dôme par l'Institut français de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) :

"1) la présentation des résultats d'analyse de l'IRSN est incorrecte. Il est indispensable de préciser que la mesure n'a porté que sur l'activité de l'iode 131 particulaire.

2) les résultats publiés sous‐évaluent très probablement l'activité réelle de l'air en iode 131. Pour savoir si le chiffre réel est 2 fois, 3 fois, 4 fois, 5 fois, 10 fois plus élevé, il faut disposer de résultats d'analyse portant sur des filtres spécifiques (le laboratoire de la CRIIRAD utilise par exemple des cartouches à charbon actif) qui piègent les formes gazeuses de l'iode"♦

vendredi 25 mars 2011

L'OTAN VS LIBYE : CHRONOLOGIE DE LA PREMIÈRE SEMAINE

17/03/2011. 23h34 heure française. La résolution de l'ONU en faveur d'une intervention en Libye, vient d'être adoptée par 10 voix "pour" et 5 abstentions. Au même instant, on apprend que les pro-Kadhafi commencent leur bombardement de Benghazi.

19/03/2011. Début du conflit entre la coalition internationale, dont fait partie la France, et la Libye.

25/03/2011. Transfert de commandement pour l'intervention en Libye. L'Otan supervisera la zone d'exclusion aérienne, la coalition les frappes au sol. La Chine, de son côté, appelle à un cessez-le-feu immédiat. L'explication est d'ordre économique : possédant de nombreuses infrastructures en Libye, elle craint pour la sécurité de ses ressortissants ainsi que pour la coopération économique entre les deux pays.

MARINE LE PEN : POLITIQUE ÉCONOMIQUE, SOCIALE, SÉCURITAIRE



Substantifique moelle de l'interview de la présidente du Front National par Jean-Jacques Bourdin (RMC, 25/03/2011).

Deux jours avant le second tour des cantonales, Marine Le Pen commente les sujets d'actualité, tels que la remise en question du nucléaire, la crise libyenne, et les propos controversés du ministre de l'Intérieur Claude Guéant ("la croisade en Libye", "les usagers ne doivent pas porter de signes religieux dans les services publics"). Présentant quelques-unes des grandes lignes de son programme, elle prône un protectionnisme de l'industrie nationale et l'interventionnisme accru de l'Etat dans l'économie pour réguler le marché. Ses détracteurs pourront être ou non en accord avec ses opinions ; ils ne pourront plus dire qu'elle ne parle que d'immigration.

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25/03/2011, soirée. Marine Le Pen a suspendu aujourd'hui un de ses candidats grenoblois aux cantonales qui avait été photographié en train d'effectuer le salut hitlérien. S'expliquant à ce sujet sur l'antenne de BFMTV, elle a affirmé sa volonté de "faire le ménage" au sein du Front National.

Certains commentateurs politiques interprètent cette décision comme une preuve supplémentaire du tournant démocratique dans la stratégie de communication, l'image et le style, adopté par un parti plus mûr, ambitieux, et conscient de peser sur la vie politique et institutionnelle française /// On a appris en fin de soirée que le candidat suspendu, Alexandre Gabriac, 20 ans, a démenti être présent sur la fameuse photo publiée par le Nouvel Observateur. Dénonçant un "montage", il vient de porter plainte contre le journal.

jeudi 24 mars 2011

VANNESTE (UMP) : "LE PS EST LE PARTI DE L'ÉTRANGER"


Déclaration de Christian Vanneste sur itélé (23/03/2011).

Selon le député UMP du Nord, concernant certains sujets tels que le patriotisme, les électeurs du Front National seraint plus proches de ceux du parti majoritaire que ceux du parti socialiste. Pour étayer sa thèse, il fait allusion à certains propos de Sandrine Mazetier, la chargée des questions d'immigration au groupe socialiste à l'Assemblée nationale. Une conviction autant qu'une énième provocation du prolixe membre de la droite populaire.

MÉLENCHON SHOW : "MÊME UNE CHAISE BATTRAIT LE FN !"


Interview du co-président du parti de gauche par Pascale Clark (France Inter, 23/03/2011).

"Sensible et colérique à la fois", disait-on du Tigre, Georges Clémenceau. J'aurais aimé dire cela ici, mais après cet entretien radiophonique, d'autres termes m'apparaissent plus prégnants pour décrire le citoyen Mélenchon.

Rassembleur autoritaire, prêt à banqueter dans une orgie d'antithèses comprenant le parti de gauche, le parti communiste, le NPA, le PS et Europe Ecologie Les Verts, les enjoignant impérieusement de se désister afin supposément de "défendre la République" (gare aux réfractaires qui sortiraient du rang !), tel est le Jean-Luc Mélenchon de l'entre-deux tours des cantonales. L'appel à la collusion, au "cartel", n'est pas démocratique... sauf pour certains leaders de gauche, lorsqu'il s'agit de gagner des voix. Et lorsque la journaliste le pique sur l'éventuel soutien épineux et contradictoire du Front de gauche à DSK, l'homme se carapate pour ne pas avoir à révéler l'incohérence idéologique qu'il y a à ménager la chèvre néolibérale et le chou anticapitaliste, fusse au nom de valeurs communes "d'intérêt supérieur"...

Pourquoi Jean-Luc Mélenchon paraît-il si sûr de lui ? Pour de multiples raisons, liées aux perspectives politiques et politiciennes, mais aussi parce que son disque dur est formaté selon l'organisation politique des débuts de la IIIe République. Et lorsqu'on se documente, on se sent effectivement vite absorbé par la lutte des classes et des intérêts entre les défenseurs de la république "le bloc des gauches" et les défenseurs de la monarchie et du bonapartisme qui siégeaient à droite, sur les bancs de l'Assemblée Nationale au XIXe siècle.

Mélenchon, persuadé que la République est en danger, sent ses références historiques et philosophiques enfin éveillées, réveillées par des circonstances contemporaines qui appelleraient une mobilisation républicaine contre "les adversaires de la République". Il se dit "ça y est ! Mon heure a sonné ! La vôtre aussi, c'est vrai, mes amis ! Nous allons enfin pouvoir nous venger de tous ceux qui nous ont opprimés !" Dans son élan aveugle, il oublie juste une chose, c'est que la gauche de la IIIe République n'a plus rien à voir avec celle d'aujourd'hui et qu'en outre il ne représente pas à lui seul les forces républicaines françaises.

mardi 22 mars 2011

"FAISONS BARRAGE AU NAIN SARKOZY !" (GUIGNOLS DE l'INFO)



En plein maelström des consignes de vote pour les cantonales, la marionnette de Dominique de Villepin semble elle bien déterminée ... Extrait des Guignols de l'Info (Canal Plus, 22/03/2011).

samedi 12 mars 2011

DÉBAT SUR LA LAÏCITÉ : LA GRANDE MOSQUÉE DE PARIS DEMANDE SON ANNULATION



Craignant les dérives islamophobes et les amalgames inaugurés par certains députés UMP, le recteur de la Grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur demande à Nicolas Sarkozy l'annulation pure et simple du débat national prévu le 5 avril sur la laïcité et la place de l'Islam. Selon lui, la logique veut que ce sujet reste lui-même circonscrit à la sphère privée, au lieu d'être instrumentalisé comme un argument de campagne politique (entretien accordé à France-Info, 10/03/2011).

Un vent de sédition souffle sur l'UMP, qui n'a jamais été aussi près de l'implosion. Après les assauts du FN, du PS, du centre, et même d'une partie de la droite républicaine et populaire, ce sont à présent les institutions musulmanes qui assiègent le parti majoritaire.

Dans la lignée de la déclaration de Boubakeur, un autre responsable de la Grande mosquée, militant UMP du Gard, Abdallah Zekri, a déchiré sa carte d'adhérent à l'UMP en guise de protestation. Celui-ci a en outre appelé tous les musulmans de l'UMP à imiter son geste. "L'UMP de Jean-François Copé, c'est la peste pour les musulmans", a renchéri Abderahmane Dahmane, conseiller technique chargé de la diversité à l'Elysée et ancien secrétaire national chargé de l'immigration à l'UMP. Intervenant en tant que président du Conseil des Démocrates musulmans de France (CDMF), il a, lui aussi, appelé ses coreligionnaires à "ne pas renouveler leur adhésion à l'UMP tant qu'il n'aura pas annulé le débat envisagé par son secrétaire général".

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11/03/2011. Abderahmane Dahmane a été limogé de son poste de conseiller par Nicolas Sarkozy.

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12/03/2011. Boubakeur revient sur sa demande, après que Jean-François Copé l'ait assuré des "bonnes intentions du débat sur la laïcité".

vendredi 11 mars 2011

MALEK BOUTIH : "IL Y A UN DANGER QUE MARINE LE PEN SOIT PRÉSIDENTE DE LA RÉPUBLIQUE"



Le Secrétaire national du Parti Socialiste en charge des questions de société, intervenait ce jeudi 10 mars 2011 dans l'émission "Ménard sans Interdit" (I-télé). Réputé pour ses fréquences prises de position contre sa propre famille politique, Malek Boutih appelle dès à présent à un élargissement de la campagne des primaires socialistes à toutes les sensibilités de gauche. Agitant "l'épouvantail FN", il les exhorte à constituer un nouveau programme commun, capable de renverser la tendance des sondages qui placent Marine Le Pen au second tour de la présidentielle de 2012.

Les enquêtes d'opinions et les difficultés de la gauche à s'organiser ne sont pas les seules à expliquer ce coup de sang socialiste. Aujourd'hui, Nicolas Sarkozy a donné au PS un autre motif d'inquiétude. Le président qui recevait à déjeuner les principaux cadres de son parti a défini la stratégie générale qu'il recommande d'adopter au second tour en cas d'échec aux cantonales : "pas d'alliance avec le FN et pas de front républicain pour faire barrage au parti d'extrême-droite en cas d'absence de l'UMP au deuxième tour", a rapporté un responsable de l'UMP.

Toutefois, il a délégué à son bureau politique la responsabilité d'édicter des consignes de votes locales, afin de se prononcer "tantôt pour l'abstention, tantôt pour le PS". En somme, cette journée du 10 mars 2011, qui fût marquée également par le durcissement de son discours face à la crise libyenne, aura été pour le chef de l'Etat celle des "frappes ciblées".

jeudi 10 mars 2011

LOPPSI 2 : UPPERCUT POUR SARKOZY ET LE GOUVERNEMENT !

Nouveau camouflet pour le chef de l'Etat avec cette censure par le Conseil Constitutionnel de 13 articles-clé (un record sous la Ve République) de la Loi d'Orientation et de Programmation pour la Performance sur la Sécurité Intérieure.


Audio : Jean-Jacques Urvoas, secrétaire national du PS en charge des questions de sécurité (France-Info, 10/03/2011).

Parmi les dispositions invalidées qui avaient été défendues par Nicolas Sarkozy durant son discours de Grenoble (juillet 2010) et qu'il souhaitait ardemment inscrire dans son action présidentielle :

*extension des peines planchers aux mineurs,
*possibilité pour un procureur de convoquer directement un mineur devant le tribunal des enfants sans passer -par le juge des enfants,
*possibilité de punir pénalement un parent dont l'enfant n'aurait pas respecté une mesure imposée de couvre-feu,
*évacuation forcée de terrains occupés illégalement,
*possibilité pour les policiers municipaux de pouvoir effectuer des contrôles d'identité,
*vidéo-surveillance confiée à des sociétés privées.

Le président voulait prouver qu'il pouvait enfin appliquer ou faire appliquer ses promesses sécuritaires les plus fermes, histoire de se relancer dans la course pour 2012 et reconquérir d'anciens sympathisants passés au Front National. Son opération "je veux montrer que je ne suis pas un chiffe molle !" a échoué et il a dû s'incliner devant la volonté musclée des Sages.

Le Conseil Constitutionnel a condamné, en des termes d'une sévérité rare pour une telle autorité étatique, des dispositions qui faisaient trop pencher la balance de la justice vers la sécurité au détriment des droits de l'homme et des libertés individuelles. Autrement dit, en appliquant de telles mesures, l'exécutif serait devenu le principal criminel de la République, l'ennemi public n°1. Une énième marche arrière sur la thématique sécuritaire susceptible de gonfler encore le score de Marine Le Pen dans les sondages.

En pleine remise en question de l'intérêt d'un débat sur la laïcité, au lendemain du rejet de l'extension de la déchéance de nationalité, et le jour même où Kadhafi a menacé le président français de représailles à cause de son soutien aux rebelles, Nicolas Sarkozy et son équipe gouvernementale se retrouvent désavoués, sonnés et titubants sur le ring idéologique qui les avait légitimés en 2007. Ils devront avancer au ralenti avec une épine supplémentaire dans le pied... ou bien changer de cap, de moyens et de priorités. Une passe difficile à quatorze mois du scrutin présidentiel, et en pleine crise existentielle entre "la tentation extrême-droite" et "la modération centre-droite". Ce revers sonne-t-il le glas de la "Sarkozye" ? Il se rêvait un De Gaulle version modèle réduit. Il se retrouve finalement empêtré dans l'un de ses pires cauchemars : revenir sous la IVe République et n'être plus qu'un président-pantin, ligoté par le Parlement et le Conseil Constitutionnel, et ne pouvant qu'assister à sa propre impuissance face au blocage institutionnel. Le seul point commun qu'il pourrait encore partager avec le Général serait... un départ avant la fin de son mandat.

LIBYE : RÉDEMPTION OU DÉCHÉANCE DE SARKOZY ?


Audio : Yves Izard, pour France-Info.
Photo : agence Reuters.

Nicolas Sarkozy avait annoncé son intention de redorer le blason de la diplomatie française. Il souhaitait sans attendre se racheter des atermoiements et ambiguïtés géopolitiques dérangeantes qui avaient discrédité la France sur la scène internationale, lors des précédentes révoltes du monde arabe.

Ainsi, ce jeudi 10 mars 2011, en pleine guerre civile entre partisans et opposants au régime de Kadhafi, l'Elysée a reçu le Conseil national de l'opposition et fait de la France la première nation à le reconnaître officiellement comme représentant du peuple libyen. Conscient du bras de fer qui s'engage entre lui et le chef libyen, le président français a évoqué la possibilité d'un renforcement des mesures coercitives de type "frappes ciblées" sur des zones stratégiques contrôlées par le colonel Kadhafi. Une prise de position "formidable", selon Bernard Henri-Lévy qui était présent durant cet entretien.

Une autre personnalité grimace beaucoup plus et vient d'avaler sa première grosse couleuvre, en constatant, médusé, que Nicolas Sarkozy écoutait le "philosophe glamour" héritier de la gauche caviar avant de consulter son ministre officiel. Ces décisions ont été prises en effet à l'insu d'Alain Juppé qui en a eu connaissance en même temps que l'opinion. Sans ambages, l'Elysée rappelle à l'ambitieux ministre des affaires étrangères que le président de la République reste le maître de la diplomatie tricolore. Une humiliation que le potentiel présidentiable UMP risquerait bien de payer cher d'ici 2012...

Dans la foulée, une vive contre-réaction accompagnée de menaces personnelles s'est élevée de l'autre côté de la Méditerranée. L'agence officielle libyenne Jana a annoncé avoir "appris qu'un grave secret allait entraîner la chute de Sarkozy, voire son jugement en lien avec le financement de sa campagne électorale de 2007". Notre président désirait "élever le débat". Hélas, ce n'est pas "l'Ascension" mais le Jugement Dernier libyen qui lui est promis, sur fond de représailles politiques. Des risques de pactiser avec le diable et de dîner sous sa tente...

10/03/2011. 16h. "L'empereur des français" comme d'aucuns le surnomment, se prend pour un empereur européen. Grincements de dents de l'Union Européenne qui n'entend pas consacrer l'imperium d'un Charles Quint tricolore. En dépit du soutien du Parlement européen à Strasbourg, plusieurs nations partenaires de la France émettent des réserves à l'encontre de cet acte politique. Une source proche du gouvernement allemand a souligné l'absence de "signification" au regard du droit international d'"une reconnaissance du Conseil des rebelles". De son côté, le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, a jugé "préférable d'attendre la position de l'ensemble de l'Union européenne avant de reconnaître le Conseil National de Transition comme étant la seule autorité légitime en Libye". François Bayrou dénonce une "erreur politique", de même que le président d'honneur du Front National, Jean-Marie Le Pen.

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11/03/2011. L'Union Européen s'est finalement rangée derrière les positions de Nicolas Sarkozy et David Cameron, après que notre président ait rectifié son tir par la nuance "mesures ciblées", à la place de "frappes ciblées".

mercredi 9 mars 2011

FN ET UMP A LA SORTIE DU FILM 'L'ASSAUT' (GUIGNOLS DE L'INFO)



Extrait de l'émission du 09 mars 2011 (Canal Plus). Les politiciens caricaturés, par ordre d'apparition : Brice Hortefeux, Marine et Jean-Marie Le Pen, Nicolas Sarkozy, Jean-François Copé.

FILLON : "L’EXTRÊME-DROITE NE FIXERA PAS LE CALENDRIER MÉDIATIQUE ET POLITIQUE"



Mise au point et recentrage républicain du Premier ministre, qui récuse les débordements de la députée UMP Chantal Brunel. François Fillon appelle à l'élévation du débat et à la responsabilisation collective, à gauche comme à droite (LCP, Questions d'actualité au gouvernement, 09/03/2011).

Un message fort. Le Premier ministre adopte une rhétorique professorale et une posture présidentielle en rappelant que la république est notre bien commun le plus précieux et que personne, ni de l'extérieur ni de l'intérieur, ne viendra en saper les fondements. En clair "Ne déféquez pas dans nos bottes républicaines ! Arrêtez de vous chamailler, et toi la vilaine députée, que je ne t'y reprenne pas !"

MARINE LE PEN DANS LE VISEUR DE COPÉ

A l'heure où l'état d'Illinois devient le 16e des Etats-Unis à abolir la peine de mort et où les démocrates de ce pays dénoncent une campagne de stigmatisation des musulmans par certains républicains, les députés français du PS, de l'UMP et du FN, fourbissent leurs armes respectives sur ces mêmes terrains idéologiques, à l'approche des élections cantonales et présidentielles.

Extrait d'une convention sur la justice, organisée par la direction de l'UMP à la Maison de la Chimie, Paris (09/03/2011).

Il le proclamait haut et fort, depuis plusieurs mois. "Aucun sujet n'est tabou !" Jean-François Copé souhaite faire fi de toute langue de bois. On l'avait compris en écoutant ces jours-ci certains de ses camarades UMP, mais cet adepte du franc-parler sait aussi se mettre en danger seul. Et quand il s'agit de protéger son camp contre le FN, tous les coups sont permis, au-dessus et en-dessous de la ceinture.

Face aux sondages qui renforcent la posture de présidentiable de la candidate frontiste, le secrétaire général de l'UMP, "Jeff la gâchette", passe à l'offensive, dégaine du très lourd, et vise le cœur. Brandissant la menace, non pas d'un Père Fouettard, mais d'une vilaine ogresse Mère Le Pen pour leurs enfants, il met en garde les parents imprudents qui s'écarteraient des sentiers battus de la droite républicaine. Gare à toi, la Marine, un avis de forte tempête est annoncé sur les côtes nationales.

lundi 7 mars 2011

HAUSSE DES PROFITS DES ENTREPRISES DU CAC40 EN 2010


Audio : Le Journal de l'Économie, France-Info (04/03/2011).

En dépit des difficultés socio-économiques ressenties au quotidien par la majorité des particuliers et des entreprises, les sociétés du CAC 40 ont enregistré une croissance impressionnante de leur résultat net (85%, dernier chiffre publié le 7 mars 2011) au cours de l'année précédente. Parallèlement, on apprend ce jour que le prix à la pompe du super sans plomb vient d'atteindre un record historique : plus d'un euro cinquante au litre. Les experts et les politiques expliquent ce paradoxe apparent, par le décalage habituel entre les bons résultats financiers du CAC, et ses effets bénéfiques pour le consommateur final.

Pour reprendre l'argumentation de Luc Chatel, interrogé ce matin au micro de RMC, cela constituerait "un signe encourageant pour la reprise amorcée en 2010, et dont on observera les effets durant cette année 2011". D'autres observateurs, moins optimistes, pointent du doigt la faillite du partage des fruits de la croissance, qui tend plus que jamais à privilégier les dividendes au détriment des salaires.

vendredi 4 mars 2011

SARKOZY, PRÉSIDENT ÉLU... DES DIEUX ?

On peut être de taille modeste et avoir les idées larges et hautes. Très hautes. Un homme va bientôt s'ériger en champion fédérateur de la chrétienté, défenseur de nos valeurs millénaires, ultime rempart contre les extrémismes ... tout en décimant les rangs de sa propre famille politique et en exacerbant les tensions interconfessionnelles avec un acharnement inspiré.


Audio : chronique de Christophe Jakubyszyn (RMC, Bourdin & Co, Les Coulisses de la politique, 04/03/2011).
Photo : Nicolas Sarkozy en la cathédrale Notre-Dame du Puy-en-Velay (Haute-Loire) © REUTERS/Philippe Wojazer.


De son propre aveu et plus que jamais, des difficultés profondes incombent à notre président de la République dans sa noble mission de service et de représentation. Seulement, la fonction temporelle ne suffit plus à notre "Sauveur". En émule reconnaissant de George Bush Jr, le chef de l'Etat lorgne de plus en plus sur Louis XIV, en se rêvant président des catholiques français, en charge d'un nouveau gallicanisme.

"C'est un héritage qu'on célèbre, une histoire qui nous fonde". Certes. Mais d'aucuns soulignent que ce pèlerinage de Nicolas Sarkozy n'est pas qu'une réaffirmation d'une série d'évidences factuelles. C'est avant tout un signe politique et idéologique fort; pour renouer avec une partie de son électorat de droite et des catholiques. Tandis que d'un côté de la Méditerranée, les despotismes périclitent, de l'autre, ils progressent. Doit-on y trouver une relation de cause à effet ? ... Décidément, notre Président ne parvient pas à rester à la place que la République lui a dévolu. En l'état et en l'Etat, parler encore de république serait hypocrite. Tacitement, nous sommes revenus à une monarchie parlementaire chrétienne. Les plus critiques ajouteront "L'avons-nous jamais quittée ?"

"Il ne faut pas opposer identité et diversité" marque l'entrée en matière présidentielle dans le débat sur la laïcité, concomitant de l'entrée en vigueur de l'interdiction du voile intégral. Le propos répartit fièrement les rapports de force sur l'échiquier. Il met les choses au point, non pas tant sur la sensibilité religieuse personnelle de Nicolas Sarkozy, que sur une hiérarchisation symbolique des valeurs culturelles françaises. Notons la précaution du Président. Sans qu'on lui ait demandé quoi que ce soit, il anticipe et nie déjà l'accusation de prosélytisme qui pourrait être dirigée à son endroit. Une autre question s'impose : ce prélude orienté constitue-t-il une manière sereine de poser les bases d'un débat objectif sur la laïcité ?
Prochaine étape ostentatoire ? Cluny, Vézelay ou le Mont-Saint-Michel. Pour Noël Mamère, jamais à court de formules lui non plus, en particulier quand il s'agit de fustiger les incongruités et autres dérives de l'exécutif, la réponse est sans équivoque :
"Avec ce qu'est en train de faire le chef de l'Etat, nous atteignons un niveau politique proche de l'encéphalogramme plat !"
Espérons toutefois que nos politiques aient encore suffisamment d'influx nerveux pour conduire le débat avant que nous en arrivions nous-mêmes à nous brûler les esprits et les corps dans une nouvelle guerre de religion♦