mardi 28 février 2012

LA LOI PÉNALISANT LA NÉGATION DU GÉNOCIDE ARMÉNIEN JUGÉE INCONSTITUTIONNELLE

"Le Conseil constitutionnel a jugé qu'en réprimant la contestation de l'existence et de la qualification juridique de crimes qu'il aurait lui-même reconnus et qualifiés comme tels, le législateur a porté une atteinte inconstitutionnelle à l'exercice de la liberté d'expression et de communication", indique le communiqué des Sages. En clair, la plus haute juridiction française reconnaît et rappelle que ce n'est pas au législateur d'édicter une Histoire officielle. Le président de la République va proposer un nouveau texte, mais d'ici là les précédentes lois mémorielles conservent pleinement leur caractère exceptionnel au sein des lois sur la liberté d'expression et de presse...

Qu'elle se soit ou non inclinée devant des pressions politiques d'Ankara, la loi française fait du moins fi de toute cohérence, n'étant guère troublée par l'affirmation d'un nouveau "deux poids deux mesures" législatif. Le motif du Conseil est parfaitement légitime : il se range derrière l'un des principes inaliénables et fondamentaux de notre république. Il est en outre si explicite qu'il pourrait former en la matière une nouvelle jurisprudence, si demain une action juridique était menée pour abolir les lois d'exception. Seulement, le rôle proverbial d'une exception reste celui qu'on sait : confirmer la règle...

samedi 18 février 2012

COMMENT MARINE LE PEN TOMBE DANS LE PIÈGE DE L'UMP

Depuis des mois, par intermittence, l'UMP défie le FN sur son terrain de prédilection : l'identité et la sécurité. Pour l'opinion, les deux revers d'une même médaille. Systématiquement, le FN et sa présidente, se sentant légitimement concurrencés, répliquent à leur insolent rival. Dans tous les cas, le parti frontiste tombe, paradoxalement, dans un piège de débutant.

Sa riposte est trop douce ? L'UMP serine que le FN n'a rien inventé et que ses propositions sont déjà pleinement assumées par le parti majoritaire. Sa riposte est trop radicale ? L'UMP en profite pour se différencier d'un parti qu'elle juge outrancier, "anti-républicain", et compte sur la communauté médiatique pour amplifier les accusations de fascisme. Son verbe se joint aux piques puériles des uns et des autres ? Elle se laisse phagocyter en gommant sa spécificité.

Au final, tandis que les enjeux économiques et géopolitiques sont largement occultés, Marine Le Pen participe, à son corps défendant, au succès présent et futur des conservateurs. En reprenant en chœur le credo de droitisation voulu par l'UMP, elle normalise un peu plus dans le débat public les politiques sécuritaires de droite et aussi, par émulation électoraliste, de gauche sociale-démocrate. A ce jeu, le "système" sera toujours plus malin et efficace qu'elle.

Dommage pour elle de gâcher aussi naïvement ses chances de remporter une élection majeure. Mais surtout, dommage de voir un candidat de plus renoncer à la seule voie susceptible de restaurer la grandeur nationale : le rassemblement. La division est un poison, et il n'y a plus guère que François Bayrou qui le sache.

vendredi 17 février 2012

REPORTAGE HUMANITAIRE ORIENTÉ : DE L'ART D'INSTRUMENTALISER LES PEURS

Dans la série "C'est pas que ça m'enchante, mais faut bien le faire sinon personne d'autre le fera", je ne peux m'empêcher de faire remarquer le programme hyper-tendancieux et subliminal de l'émission "Envoyé spécial" de ce jeudi 16 février 2012. Je n'ai pas la télévision, mais scrute les opinions que s'en font les internautes sur twitter et youtube. Intrigué par des tweets suintant violemment le dégoût, je pris soin de vérifier le programme du soir sur la chaîne et de visionner quelques extraits sur youtube. Le contenu est racoleur (comme d'hab' depuis 20 ans finalement) et propice à la libération émotionnelle, entre révolte politisée et catharsis, histoire de bien se purifier avant la fin de semaine. Voici l'ordre, vraisemblablement pas fortuit, des reportages :

1) "La viande dans tous ses états" présente un amalgame qui relève au mieux de l'incompétence, au pire de la malhonnêteté intellectuelle, entre abattage rituel et égorgement économique. Tollé des commentateurs sur le site de France2.

2) "Femmes de ménages : les nouveaux domestiques". On notera la transition implicite insidieusement imprimée dans l'inconscient des téléspectateurs (en l'occurrence pas que de la ménagère de moins de 50 ans), particulièrement réceptif avant d'aller se coucher : Viande + femmes de ménages = femmes traitées comme de la viande.

3) "Egypte : la révolution va-t-elle changer la condition des femmes ?" L'esprit continue sa reconstitution logique et vient chatouiller la zone reptilienne. "Où veulent-ils en venir ? Femmes-viande + Egypte islamique = la civilisation musulmane est barbare". Nous y voilà.

Suis-je paranoïaque ? Vérifions le programme de la semaine dernière. Sujet : "Islam, au nom de la peur". Ok...

Je ne sais si je suis plus effrayé par le contenu, certes dramatique de ces reportages, ou par le réflexe aussi pavlovien qu'ulcéré du public adepte du robinet télévisuel. Ce conditionnement manifeste (on sait qui nomme les dirigeants du service public) est destiné à nous accoutumer dès aujourd'hui à un choc accru de civilisations, et à légitimer demain l'affrontement souhaité avec l'Iran et les terres arabes de résistance à la mondialisation. Après tout, les médias ne sont pas qualifiés de quatrième pouvoir par hasard...

dimanche 12 février 2012

LORSQUE BRÛLE LE BERCEAU DE LA DÉMOCRATIE...

Athènes : rues, banques, bibliothèque nationale, démocratie en proie aux flammes... métaphore et symptôme de ce que l'ultra-libéralisme et ses relais européens sont en train de faire subir à la démocratie. Ce soir c'est là, en Grèce, dans la plus vieille nation occidentale, que le peuple libère sa colère et son désespoir face au plan d'austérité soumis au vote du Parlement. Cela marquera-t-il le réveil des citoyens européens face au diktat de la troïka et à l'extorsion légale par le gonflement de la dette ?

vendredi 10 février 2012

RÉFÉRENDUMS SARKOZY : INDIGNES, INDÉCENTS, INCONSTITUTIONNELS, INOPÉRANTS

Deux. C'est le nombre de référendums de la honte proposés par un chef de l'Etat à bout de souffle, impuissant et sans imagination. Faire voter les Français ? Heureuse idée. Les thèmes ? "Faut-il obliger les demandeurs d'emploi à accepter un travail ou une formation" et un autre sur le droit d'expulser les étrangers délinquants.

Cela est indécent, car il existe des priorités nationales sur lesquelles nos compatriotes auraient aimé être consultés (la réforme des retraites, la sortie du nucléaire, la règle d'or, les traités européens).

Cela est aussi potentiellement contraire à l'esprit et à la lettre de la Constitution, et on peut parier que si Nicolas Sarkozy allait au bout de sa démarche, il se ferait une nouvelle fois tancer par les Sages. Ceux-ci lui rappelleraient que le référendum ne doit pas être instrumentalisé pour opposer des catégories de Français les unes aux autres (actifs en emploi / demandeurs d'emploi, nationaux / étrangers).

Enfin, cela serait inopérant, puisqu'on ne peut pas forcer un chômeur à prendre un travail qui n'existe pas ! Quant à la formation, il serait difficile de demander à un ingénieur de se reconvertir en gogo-dancer, ou réciproquement ; d'autant qu'il y a de moins en moins d'argent public pour assurer la formation et son suivi (objectif d'économies).

Reste cette impression de déjà vu : la démagogie UMP s'adresse une nouvelle fois à l'émotionnel des Français les plus influençables et non à leur raison, et, à deux mois de la présidentielle, tente d'aguicher le vote FN par des clins d'oeil aussi éhontés qu'indignes.

RÉFÉRENDUMS SARKOZY : INDIGNES, INDÉCENTS, INCONSTITUTIONNELS ET INOPÉRANTS

Deux. C'est le nombre de référendums de la honte proposés par un chef de l'Etat à bout de souffle, impuissant et sans imagination. Faire voter les Français ? Heureuse idée. Les thèmes ? "Faut-il obliger les demandeurs d'emploi à accepter un travail ou une formation" et un autre sur le droit d'expulser les étrangers délinquants.

Cela serait indécent, car il existe des priorités nationales sur lesquelles nos compatriotes auraient aimé être consultés (la réforme des retraites, la sortie du nucléaire, la règle d'or, les traités européens).

Cela serait aussi potentiellement contraire à l'esprit et à la lettre de la Constitution, et on peut parier que si Nicolas Sarkozy allait au bout de sa démarche, il se ferait une nouvelle fois tancer par les Sages. Ceux-ci lui rappelleraient que le référendum ne doit pas être instrumentalisé pour opposer des catégories de Français les unes aux autres (actifs en emploi / demandeurs d'emploi, nationaux / étrangers).

Enfin, cela serait inopérant, puisqu'on ne peut pas forcer un chômeur à prendre un travail qui n'existe pas ! Quant à la formation, il serait difficile de demander à un ingénieur de se reconvertir en gogo-dancer, ou réciproquement ; d'autant qu'il y a de moins en moins d'argent public pour assurer la formation et son suivi (objectif d'économies).

Reste cette impression de déjà vu : la démagogie UMP s'adresse une nouvelle fois à l'émotionnel des Français les plus influençables et non à leur raison, et, à deux mois de la présidentielle, tente d'aguicher le vote FN par des clins d'oeil électoralistes aussi éhontés qu'indignes.

Un Président est élu pour rassembler. Durant ses cinq ans de clivages, Nicolas Sarkozy ne se sera donc jamais hissé au rang de sa fonction. Espérons que la France s'en remettra.

jeudi 9 février 2012

ET LA SYRIE INVENTA LA RÉBELLION PERPÉTUELLE

Comment une rébellion réprimée dans le sang peut-elle durer depuis 1 an, sans discontinuer ? Dans 6 mois, nos médias officiels, aussi péremptoires qu'absents du terrain syrien, continueront de s'indigner dans un concert de violons : "Le régime massacre encore son peuple !" De quel peuple s'agit-il d'ailleurs ? Est-ce vraiment "son peuple" ? Un peuple formidablement tenace, et même inconscient, défiant les chars et faisant passer ses revendications sociales avant la vie de ses femmes et enfants  ? N'a-t-on pas plutôt affaire à un afflux constant d'allogènes, constitués de mercenaires, de soldats et de civils, payés par la Ligue arabe pour semer le chaos dans un état laïc, et in fine incriminer Bachar Al-Assad ?

mercredi 8 février 2012

SARKOZY ET HOLLANDE POSENT ENSEMBLE AU DÎNER DU CRIF

Ce n'est pas cela qui va réconcilier les Français avec la politique. UMP et PS finissent toujours par se retrouver, main dans la main, au dîner annuel du Crif. Et avant de se quitter, une belle photo symbolique en trio avec Richard Prasquier, le président du Crif, histoire de rassurer certains lobbys. Tout est dit...

 

LETCHIMY CONFOND L'IMPOSTURE RÉPUBLICAINE

Incident de séance exceptionnel ce mardi 7 février 2012. Le gouvernement quitte précipitamment l'hémicycle de l'Assemblée National, suite à la critique par un député PS des propos de Claude Guéant sur les différences de civilisation. Une fuite gouvernementale qui s'apparente à un renoncement républicain : les plus gênés s'en vont !

L'impudent président du Conseil régional de la Martinique, Serge Letchimy, n'a pas compris qu'il fallait un certain tampon administratif pour parler de "nazisme" et "camps de concentration" à l'Assemblée. Les "maîtres blancs" du Palais Bourbon n'autorisent pas leurs anciens esclaves à pointer du doigt leurs failles les plus profondes...

Notons que seul un élu d'outre-mer, imprégné de culture esclavagiste et loin des dogmes métropolitains post-Shoah, est encore capable d'un tel courage... ou d'une telle inconscience ! Les autres savent pertinemment que parler de ces sujets au Parlement, revient à se suicider politiquement.

Après la levée de séance, le journaliste de la chaîne parlementaire Fernand Tavarès, interrogeant le député martiniquais, fit une remarque riche d'enseignements sur la réalité du pouvoir actuel. Je vous laisse la méditer : "Les membres du gouvernement se sont levés à la suite des députés Nouveau Centre et UMP les plus proches de la communauté juive".

mardi 7 février 2012

L'OBJECTIF CACHÉ DES "INADMISSIBLES" APHORISMES GOUVERNEMENTAUX

Les Français ont tendance à analyser les problèmes de façon partielle et partiale, au lieu de prendre du recul et le temps de la réflexion. Lorsqu’ils n’ont pas compris quelle était la cause rationnelle des difficultés de leur pays, ils cherchent un bouc émissaire national. Ils sont prompts à se ruer sur la main coupable qui frappe, mais remontent rarement le long du bras et jusqu’à la tête du responsable. Nos dirigeants politiques savent tout cela. La raison ultime des sorties multiples de Guéant n’est pas seulement électoraliste. Elles visent un objectif de long terme qui est de nous préparer au choc physique des civilisations. Lui et ses camarades sont d’ailleurs en train de réussir leur coup.

Car à force de distiller depuis des mois, sous couvert de fierté républicaine, des idées portées par un fond de suprémacisme, ils les impriment durablement dans l’inconscient collectif. Là encore, une majorité de nos compatriotes, nourrie à la Pravda TF1, se contente des échéances et mobiles proches d’eux : les élections présidentielles et législatives, la volonté de capter les voix du FN. C’est sous-estimer l’intelligence de ceux qui nous gouvernent… et oublier qu’ils ne gouvernent pas seuls. Il n’y pas de « complot », mais des intérêts communs somme toute très prosaïques.

Nicolas Sarkozy n'avait pas cité Gramsci par hasard. Avant de mettre en place certaines réformes, ou engager un pays dans une guerre, les synergies politico-financières ont en effet besoin de cautions médiatiques et culturelles pour ancrer leurs doctrines dans l’opinion (telles que le racisme institutionnalisé, ou bien les droit et devoir d’ingérence). Ce sont les ministres et les médias officiels qui s’en occupent, souvent à leur insu, comme des pions qui sont poussés, pas à pas, pour préparer le mat final.

Qu’ils soient perçus positivement ou non par le public, les signaux envoyés peuvent compter sur l’effet d’accélérateur du net pour accroître leur portée et leur résonance intime. Au lieu de voir l’information une ou deux fois, chacun la reçoit en écho par l’entremise d’une foultitude de contacts virtuels, de sorte qu’elle tourne en boucle durant des journées entières et qu’il est impossible d’y échapper.

Les « petites phrases » de Claude Guéant sont bien plus insidieuses que les journalistes et éditorialistes veulent bien le dire. Alain Juppé, peut-être le plus pro-arabe membre du gouvernement, ne s’y est pas trompé en qualifiant d’« inadéquate » (euphémisme diplomatique) sa dernière saille. Lui, et d’autres ministres qui ont préféré garder le silence, ont très bien entendu  l’intention de leur collègue…

NKM INAUGURE LA MODE "TARTUFE EN CUIR NOIR"...

Le ton est donné. Nicolas Sarkozy en pré-campagne compte se repositionner à la droite de la droite afin de drainer les voix du Front National. Dopé par le sondage favorable qui testait l'hypothèse d'une absence de Marine Le Pen en défaut de parrainages, le candidat UMP latent a lâché les chiens. Ou plutôt ses plus fidèles paladins. La tactique est maintenant bien rodée. Ainsi, le tollé suscité par l'énième saillie de notre ministre de l'Intérieur Claude Guéant ce week-end ("toutes les civilisations ne se valent pas"), justifia les sorties médiatiques de l'arrière-garde UMPiste. Objectif :  feindre d'apaiser les tensions en expliquant que le propos a été mal interprété et sorti du contexte ("Claude Guéant ne parlait pas de différences de civilisation au sens de culture, il reste un républicain"), mais sans jamais lever l'équivoque pour ne pas gommer totalement l'effet du message subliminal ("civilisation au sens de différences de société et de régime oui"). Le message aura été donc transmis et validé, quitte à prendre les citoyens pour des sots, sans connaissances lexicales ni anthropologiques.

Néanmoins, à trop faire des appels du pied aux électeurs du Front National, on finit par se déchausser et exhiber quelques malformations plantaires et autres cors. Le ministre de l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet a parfois été brillante. Ce soir, sur le plateau du Grand Journal de Canal Plus, elle aurait mieux fait de se taire. Acculée par l'opiniâtre Jean-Michel Aphatie, elle trébucha. "Pourquoi parler de civilisation ? Le voile et les prières de rue sont un problème de politique et de nombres de places dans les mosquées [...] Vous confondez religion, régime politique, et civilisation", insista l'éditorialiste. Prenant conscience qu'elle s'invétérait à défendre une phrase effectivement inepte, elle tenta l'approche universaliste et humanitaire en évoquant le rôle de la France dans la démocratisation du monde arabe. Les relents des "droits et devoirs d'ingérence" à la rescousse !

Evidemment, ces ministres savent pertinemment que le concept de "civilisation" fut au centre d'une polémique historique entre le camp de Jules Ferry et celui de Georges Clémenceau. Et c'est bien dans un registre analogue, néocolonialiste, qu'ils l'emploient, sans toutefois en assumer les contradictions contemporaines. "Si vous dites que tout se vaut,  alors au nom de quoi on se bat en Libye, en Afghanistan ? Et qu'est-ce que vous dites aux démocrates tunisiens ? [...]", asséna-t-elle crânement. Oui on se le demande, madame le ministre. Pourquoi se bat-on là-bas ? Et surtout, comment expliquez-vous aux Français qu'une civilisation soi-disant "supérieure par ses valeurs républicaines", luttant contre l'intégrisme musulman, renverse des régimes laïcs pour leur substituer des gouvernements islamiques, furent-ils "modérés" ? Où est la cohérence ? Comment peut-on s'ingérer dans un pays, et le démocratiser selon nos critères de "civilisation républicaine supérieure", tout en facilitant l'instauration d'une charia qu'on juge pourtant "contraire aux valeurs républicaines" ?

Votre exemple, madame, était tout aussi inopportun que la phrase anti-républicaine qui l'a motivée. Théorie : 0. Cohérence entre la théorie et la pratique : 0. Mensonges en série : 1.


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lundi 6 février 2012

CLÉMENCEAU RÉPOND À CLAUDE GUÉANT À TRAVERS LES ÂGES

Georges Clémenceau répond au discours de Jules Ferry sur la colonisation (30 juillet 1885, Chambre des députés) :
"+Les races supérieures ont sur les races inférieures un droit qu'elles exercent, et ce droit, par une transformation particulière, est en même temps un devoir de civilisation.+

Voilà en propres termes la thèse de Monsieur Ferry, et l'on voit le gouvernement français exerçant son droit sur les races inférieures en allant guerroyer contre elles et les convertissant de force aux bienfaits de la civilisation. Races supérieures ! Races inférieures c'est bientôt dit ! Pour ma part, j'en rabats singulièrement depuis que j'ai vu des savants allemands démontrer scientifiquement que la France devait être vaincue dans la guerre franco-allemande parce que le Français est d'une race inférieure à l'Allemand. Depuis ce temps, je l'avoue, j'y regarde à deux fois avant de me retourner vers un homme et vers une civilisation, et de prononcer : homme ou civilisation inférieurs." (...)

MÉLENCHON : "On est très allant pour envoyer les gosses des autres en apprentissage à 14 ans..."

"On est très allant pour envoyer les gosses des autres en apprentissage à 14 ans, mais j'observe que dans les milieux qui s'en réjouissent peu envoient leurs propres enfants faire cette sorte de parcours." (Jean-Luc Mélenchon au sujet de la proposition UMP d'abaisser l'âge d'entrée en apprentissage professionnel à 14 ans, Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro du 05/02/2012)


Jean-Luc Mélenchon au "Grand Jury" sur LCI par lepartidegauche

dimanche 5 février 2012

LA MINUTE DE MONSIEUR CYNIQUE : POURQUOI LE VETO SINO-RUSSE EST UNE BONNE NOUVELLE POUR LA FRANCE

Le veto de la Russie et de la Chine au Conseil de sécurité de l’Onu prouve que ces deux pays sont suffisamment sûrs de leur puissance et de leurs intérêts en Syrie, pour ne pas craindre l’opprobre international. En dépit du chantage, des accusations de complicité active, malgré toutes les images de massacres qui inondent les médias depuis plusieurs jours, ils ne se sont pas laissé impressionner.

L’obstination de ces deux pays nous rappelle qu’ils ne sont pas aussi assoupis que le dossier libyen avait pu le laisser penser. Leur abstention face à la résolution 1973 sur la Libye ne procédait pas de l’indifférence mais d’un calcul : ils ont laissé faire en espérant que l’OTAN se discréditerait en Libye, voire que les Etats-Unis s’y enliseraient comme dans un nouveau Vietnam.

La guerre froide n’est pas terminée, et le bloc de l’Est n’a pas abandonné ses ambitions géopolitiques. Nous devrions prendre exemple sur ces dirigeants lucides et responsables, qui se comportent de façon souveraine, comme des chefs qui font primer l’intérêt de leur nation sur toute autre considération. Ils savent pertinemment que la communauté internationale ne va pas leur pardonner leur veto et va leur reprocher d’avoir du sang sur les mains, mais ils ont compris qu’il y avait bien plus important pour eux.

La population civile, hélas, aurait été décimée, certainement davantage, si l’OTAN était intervenue en Syrie. Plutôt que de céder à des geignements stériles, certains bobos bisounours feraient mieux de se réjouir : il existe encore des contre-pouvoirs affirmés face aux Etats-Unis, et le monde a peut-être une chance de ne pas devenir un ensemble unipolaire régi par une gouvernance mondiale.

COMMENT LES "ATLANTISTES" VIENNENT DE PROUVER LEUR IMPLICATION DANS LES MASSACRES EN SYRIE

Il suffit parfois d'un "non" pour que les masques tombent. Gauthier Rybinski, envoyé spécial de France 24 pour la Conférence internationale sur la sécurité qui se tient aujourd'hui à Munich, vient d'avouer qu'un ordre du jour relatif au monde arabe avait été planifié : "le Nouveau Moyen-Orient". Comment les membres et organisateurs pouvaient-ils à ce point être persuadés que la Russie et la Chine s'abstiendraient (comme face à la résolution 1973 sur la Libye), plutôt que de poser leur veto ? La seule explication d'un tel optimisme, est qu'ils savaient que des évènements, préparés eux aussi, placeraient les diplomates russes et chinois au pied du mur et qu'ils ne pourraient pas s'opposer à une intervention militaire en Syrie. Quels évènements auraient pu être préparés à cette fin, si ce n'est des attaques ou contre-attaques particulièrement sanglantes, comme celles que le pays a vécu à Homs ces trois derniers jours ?...

samedi 4 février 2012

POURQUOI LA RUSSIE ET LA CHINE NE PEUVENT PAS LÂCHER LA SYRIE

A moyen terme, l’objectif de l'Occident au Moyen-Orient est de s’emparer du verrou eurasiatique, c'est-à-dire de l’Iran. Pour pouvoir le contrôler demain, il faut commencer par le rendre inoffensif aujourd’hui, en bombardant ses sites nucléaires. Car lorsque le pays possédera l’arme atomique, il ne sera plus possible de l’envahir militairement.

Mais avant de neutraliser ces fameux sites, il faut isoler l’Iran en le découplant de son allié chiite, la Syrie. Or l’actuelle absence de consensus diplomatique au sujet de la Syrie fait ressortir les véritables enjeux géopolitiques derrière le maintien de l’arc chiite : c’est à un duel à distance entre l’Est (Russie et Chine) et l’Ouest que nous assistons dans le bras de fer au Conseil de sécurité de l’ONU.

La possession de la bombe par l’Iran redessinerait significativement les cartes stratégiques en leur donnant une physionomie multipolaire. Ce qui entraverait largement le projet occidental d’imposer une gouvernance mondiale et un monde unipolaire sur lequel la fausse monnaie dollar règnerait en maître. On comprend mieux alors pourquoi la Russie et la Chine doivent soutenir à tout prix leurs alliés objectifs de la Caspienne...

SYRIE : VERS UN EMBRASEMENT DES RELATIONS EST-OUEST ?

Les négociations sur le projet de résolution de l’ONU sur la Syrie se sont accompagnées hier d’une escalade de la violence à Homs. Etonnamment pourrait-on dire, car Bachar al-Assad n’a aucun intérêt à jouer la provocation. Sauf à espérer, naïvement, pouvoir mater vite la rébellion, afin de soulager la Russie amie de la responsabilité qui lui incombe actuellement. Je ne crois guère à cette stratégie d’une contre-productivité évidente. La Syrie sait pertinemment qu’accroître la répression placerait encore plus la Russie au pied du mur, et justifierait la résolution onusienne. Sans avoir pu d’ailleurs endiguer des milices constamment reconstituées telles un phénix, et généreusement armées par l’étranger.

L’Observatoire syrien des droits de l’homme et le Conseil national syrien ont immédiatement imputé ces massacres au régime d’Assad. Les médias occidentaux ont relayé ces allégations, en oubliant le conditionnel que l’opacité de l’information syrienne devrait pourtant requérir. Les opposants auraient voulu forcer la main à la Russie qu’ils ne s’y seraient pas pris autrement. Simultanément, des manifestations anti-Poutine se sont tenues à Moscou. Là encore, les mêmes qui veulent substituer à Assad un gouvernement acquis à la cause de la Ligue arabe et des Etats-Unis, auraient tout intérêt à alimenter les revendications contre l’actuel gouvernement russe allié à la Syrie.

La Russie comprend les visées expansionnistes de long terme des Etats-Unis et de l’Occident. Elle ne peut pas se permettre d’abandonner Assad : cela reviendrait à se séparer d’un allié historique nécessaire à sa propre survie politique autour de la Caspienne et au Moyen-Orient. Dans le camp adverse, les pressions grandissent pour culpabiliser la Russie en lui reprochant de se rendre, par le blocage diplomatique, complice des massacres syriens.

Tandis que l’Europe connaît une vague de froid sibérien, les relations Est-Ouest sont en train de se réchauffer considérablement. Les massacres en Syrie sont d’autant moins prêts à s’interrompre qu’ils sont entretenus par un appui extérieur. Par quels moyens l’Ouest parviendra-t-il à convaincre la Russie ? Les Etats-Unis et la Ligue arabe ne tenteront-ils pas une intervention militaire hors d’une résolution onusienne, quitte à courir le risque d’un affrontement direct avec la Russie ? La Russie ne claquera-t-elle pas la porte du Conseil de sécurité ?

vendredi 3 février 2012

POURQUOI LA SYRIE DOIT ÊTRE SOUMISE AVANT D'ATTAQUER L'IRAN

Comme chacun sait, l’Iran est le verrou eurasiatique et le trait d’union terrestre et stratégique entre l’Europe, l’Asie, le monde arabe et l’Afrique. Qui apprivoise l’Iran et les pétromonarchies peut contrôler le détroit d’Ormuz (et mettre la main sur 40% de la production de pétrole de la planète), mais aussi occuper un poste avancé face à la Russie et aux pays émergents qui cherchent de nouvelles sources énergétiques au Moyen-Orient.

Maintenus de longue date dans l’opposition par des manœuvres occidentales (voir notamment Sheikh Imran Hosein à ce sujet), les musulmans sunnites syriens ont un compte à régler avec l’Iran d'Ahmadinejad qui a armé contre eux le régime de Bachar Al-Assad et la minorité alaouite. On comprend mieux alors pourquoi Israël et ses alliés ont intérêt à favoriser l’accession au pouvoir des Sunnites s’ils souhaitent isoler l’adversaire iranien.

Côté syrien, le départ d’Assad romprait potentiellement le lien Syrie-Iran, ainsi que l'unité autoritaire du régime nationaliste en place. Comme en Libye, la destitution du « tyran » rendrait le pays plus facilement manipulable par la sentinelle orientale de l’ONU qu’est la Ligue arabe, en le fragilisant politiquement et économiquement sous couvert d’instaurer une démocratie de façade.

Symétriquement, l’Iran esseulé comme jamais, radicaliserait sa doctrine chiite (de facto ou par un effet de loupe médiatique) à des fins défensives, justifiant des frappes israéliennes ciblées et préventives sur ses présumés sites de recherche nucléaire. Une opportunité d'autant plus facile à saisir que les couloirs aériens seraient dégagés au-dessus de la nouvelle Syrie "libre" et pacifiée.


jeudi 2 février 2012

INA-BIBLIOTHÈQUE DU CONGRÈS : VERS UNE CONSOLIDATION RAMPANTE DE L'ALLIANCE ATLANTIQUE

Voici une information de l'AFP dont le traitement restera vraisemblablement anecdotique dans nos principaux médias hexagonaux. L'Institut national de l'audiovisuel (INA) et la Bibliothèque du Congrès américain viennent de signer une convention d'échanges de 500 documents audiovisuels numérisés. Pas n'importe lesquels. Sont concernées les émissions de télévision qui offrent un regard croisé (et valorisant, cela va de soi) sur leur partenaire. Une opération qui s'apparente donc ni plus ni moins à de la masturbation culturelle réciproque. A ce titre, écouter les parties prenantes est encore le plus instructif.

Ainsi, lorsqu'on l'interroge sur la vocation du contrat, Mathieu Gallet, le patron de l'INA, n'hésite pas à évoquer en creux un agenda mondial (un terme décidément de moins en moins tabou). "Ceci est une étape importante dans la constitution d'une bibliothèque mondiale à laquelle tout citoyen pourra accéder", affirme-t-il, avant d'en préciser la motivation particulière pour l'institution française : "L'INA essaie d'aller à la conquête des publics les plus différents. L'enjeu des années à venir est d'élargir ces publics, en s'adressant aux jeunes, aux publics étrangers, aux chercheurs comme au grand public".

Merci à M. Gallet de nous rappeler cette triste vérité. Lorsque la France prétend s'ouvrir au monde et sensibiliser la jeunesse, elle ne sélectionne pas un panel éclectique de documents internationaux, mais renforce ses liens outre-atlantiques, étouffant discrètement l'émancipation multipolaire.

Même son de cloche du côté du directeur de la bibliothèque américaine, James Billington pour qui "cette collaboration offrira un aperçu précieux de l'Amérique des 110 dernières années à travers le prisme d'une autre culture". Un aperçu précieux et potentiellement salutaire. Contestés dans leur hégémonie, les Etats-Unis trouveront dans ce miroir français d'un poli américain presque parfait (exception faite de la parenthèse gaullienne), une caution supplémentaire à leurs engagements les plus tangents. "Voyez comme les médias français ont relayé et corroboré nos allégations sur les attentats du 11 septembre, Al-Qaïda etc"

Cette étape et les autres ne duperont pas ceux des Français qui forgent leur sens critique hors du circuit médiatique traditionnel. Continuons la pédagogie et ne nous laissons pas dominer par un quelconque impérialisme culturel. Les Etats-Unis, nous n'en avons que trop soupé.

mercredi 1 février 2012

FRANÇOIS HOLLANDE ENFARINÉ : CLAIRE SEGUIN EXPLIQUE SON GESTE PAR LE DÉSESPOIR



On connaissait l'"entartage", voici venue une nouvelle forme d'agression : l'"enfarinage".

Invité par la Fondation Abbé-Pierre pour parler du "contrat social pour le logement" dont il est cosignataire, François Hollande fut victime cet après-midi d'un geste malheureux, qui aurait pu prêter à rire s'il n'avait été provoqué par le désespoir. L'"agresseur", Claire Seguin, femme en colère de 45 ans, ancienne enseignante de l'Education nationale, et auteur du blog Un micro sous votre oreiller, fut rapidement évacuée par le service d'ordre et conduite dans une loge pour s'expliquer. Quelques journalistes présents recueillirent sa confession sur fond de difficultés personnelles, jusqu'à ce qu'une injonction fut donnée de l'isoler. Porte close. Fin de l'acte.

Réaction de la "victime" détendue : "C'est un acte irresponsable". François Hollande, en homme prétendument de gauche, aurait pu demander à converser avec cette femme, pour comprendre et calmer son courroux. Il n'en fit rien. Cet épilogue est très révélateur de sa conception technocratique et carriériste de la social-démocratie. Bien loin d'user d'empathie, le tartufe PS tira ridiculement vanité de la situation, se victimisant au passage : "Ce sont les risques du métier. Je les assume". Comme quoi, il n'y a pas que l'UMP qui regorge de courage...

De la décadence du pouvoir et de ses symboles : JFK aura eu le droit à un assassin, George W. Bush à un lanceur de pantoufles, Nicolas Sarkozy à un entarteur, et François Hollande à une "enfarineuse". C'est peut-être ça finalement la justice : avoir un bourreau à sa mesure.