jeudi 3 novembre 2011

RÉFÉRENDUM GREC : L'ESPOIR DÉMOCRATIQUE MORT-NÉ AU LENDEMAIN DE LA FÊTE DES MORTS

J'ai hésité à écrire cette note, mais le péché d'orgueil autant que la tentation ont été trop forts. C'est en effet avec une certaine délectation (et une pensée émue et pas du tout ironique pour la "démocratie participative référendaire", quoi que...) que je constate aujourd'hui le mutisme assourdissant des bobos idéalistes qui avant-hier s'érigeaient en champions du vox populi. Il est vrai le tableau avait tout plaire : l'agora grecque, berceau de la démocratie, montrant l'exemple au monde entier par l'initiative solitaire pour le moins courageuse de son Premier ministre, Georges Papandréou.

Et puis cet après-midi, voilà-t-y-pas qu'nos chers indign... pardon, "inspirés", connurent le deuxième effet kiss cool : la découverte du pragmatisme ! "Quoi ? Comment ? Papandréou renonce au référendum ?! Les pressions ont dû être trop fortes, ça n'est pas possible autrement !"
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Exposons donc aux crédules la dure réalité. Papandréou, filou jusqu'au bout, a tenté un coup de bluff, pour deux raisons de politique intérieure. Premièrement, pour monnayer le retrait du référendum contre le vote de confiance parlementaire et, subséquemment, son maintien à la tête du gouvernement. Deuxièmement, pour renégocier des conditions de l'accord de Bruxelles, dans le sens notamment d'un surcroît d'aides aux banques grecques.

Audacieuse mais contre-productive, une telle manœuvre ne fait évidemment que discréditer encore un peu plus Papandréou. A tel point que le chef de l'opposition grecque, Antonis Samaras, réclame ce soir sa démission — une requête de bonne guerre autant que légitime.

Où en sommes-nous à l'heure actuelle et qu'en sera-t-il demain ?

grèce,grecs,papandréou,crise,dette,sarkozy,merkel,france,allemagne,nicolas,angela,fillon,baroin,juppé,eurozone,euro,monnaie,fn,marine,le pen,front national,barroso,draghi,etats-unis,usa,obama,plane,vote de confiance,parlement,volte-face,banquesBien malin qui pourrait le dire, puisque chaque jour réserve son lot de revirements. Nicolas Sarkozy est apparu, cet après-midi à la conférence de presse du G20, encore plus fatigué que la veille. Portant physiquement les stigmates du combat affreusement complexe contre la crise économique et politique, il a seriné son dogme de nécessaire sauvegarde de l'euro. Quitte à user d'un sophisme elliptique pour tenter de préserver sa propre crédibilité, argument de campagne pour la présidentielle de 2012. "L'euro est au cœur de l'Europe. Et donc faire imploser la zone euro, ce serait faire imposer l'Europe". Pas convaincu ? C'est normal.

Toujours est-il que ce n'est pas ce soir que la Grèce et l'Europe sortiront de l'impasse. Mathieu Plane, l'économiste médiatique de l'OFCE, rappela tout à l'heure sur France 24, qu'un départ de la Grèce, à fortiori non concerté, ne serait un service pour personne ; ni pour elle, ni pour nous. En économie ouverte, des engagements politiques et financiers mulilatéraux ne peuvent pas se détricoter rapidement et de façon indolore. D'ailleurs, seule une naïveté béate et inconséquente aurait pu résumer le référendum à une pure victoire démocratique, en oubliant que les Grecs auraient à choisir en creux entre la peste et le choléra.

Un accord est passé à l'unanimité, après des mois de négociation, voulue en particulier par le Parlement et le gouvernement grecs ; il convient de s'y tenir, par respect pour les Grecs et les partenaires européens. Si l'on n'en veut pas, on ne le signe pas. Papandréou vient subitement de s'en souvenir, qui vend ce soir le vote du Parlement comme celui de la seule représentation nationale légitime. Et sinon, quoi d'autre de concret au programme du G20 ?

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