mercredi 21 janvier 2015

LES PETITS COCHONS REPUBLICAINS ET LE MECHANT LOUP NAZISLAMISTE

Il est tellement confortable, pour ne pas dire juteux, pour nos gouvernements, de faire peur aux gens avec la menace terroriste (aussi réelle que financée, aiguillonnée, réactivée et parfois fantasmée par le pouvoir), qu’il n’y a aucune raison de la voir s’arrêter. Y compris après avoir déployé tout ce que l’imagination parlementaire pourra prévoir d’arsenal législatif, préventif (censure) ou répressif. Je vous prédis d’ores et déjà qu’après un retour aux préoccupations économiques, le sujet reviendra sur la table avant la fin de l’année, et qu’on parlera encore abondamment de terrorisme (musulman ou non) et d’antisémitisme. Et cette année 2015, comme on le craint depuis deux semaines, verra une réduction importante des libertés, notamment de la liberté d'expression sur internet (au nom de la sécurité et de... la garantie des libertés - bel enfumage !). Pourquoi ? Parce que Mein Kampf entre dans le domaine public le 1 janvier 2016 et que, en admettant même qu’on ait encore accru paroxystiquement la peur et l'hostilité à toute forme de régime autoritaire ressemblant de près, et surtout de loin, au fascisme ou à l’hitlérisme, il ne serait pas judicieux pour le pouvoir de laisser proliférer un tel ouvrage sur les réseaux sociaux...

dimanche 11 janvier 2015

LA FRANCE, UN PAYS DE MOUTONS ET DE CRETINS

Je serai bref car je crois que nous en avons assez soupé comme cela des "Je Suis Charlie" depuis quatre jours. La grande manifestation nationale, et notamment parisienne, de ce 11 janvier 2015, dont le motif réel reste d'ailleurs équivoque au vu du spectre politique qui la composait (UMP, PS, Merkel, Juncker, Cameron, Rajoy, Netanyahu, Abbas, des représentants de la Turquie, des Etats-Unis etc.), aura donc réuni près de 4 millions de personnes. Tous ces Français mobilisés pour défendre la liberté de réaliser des dessins obscènes et provocateurs (et non celle d'expression évidemment bornée par les lois et dogmes laïco-républicains) et acclamer des pompiers-pyromanes, seront-ils aussi nombreux demain pour manifester contre le TAFTA, l'austérité, les plans de licenciement, et d'autres problèmes concrets ? J'en doute. Mais il est vrai que dessiner est plus important que manger...

jeudi 8 janvier 2015

"JE SUIS CHARLIE" : UN MIMETISME RASSURANT... OU PAS

C'est un peu à contrecœur que je publie une note sur l'environnement des attentats contre le journal satirique Charlie Hebdo. Comme tout le monde, j’ai trouvé ces mouvements de foule spontanés impressionnants. Je les ai trouvés également inquiétants, car les gens ne savaient pas encore ce qui s’était exactement passé qu’ils étaient déjà absorbés par l’émotion. On vend au public un spectacle auquel il ne prend nullement part et instantanément le simple spectateur s'identifie, comme s’il était lui-même en face de l’attentat : il pleure, et, pénétrant dans un état de sidération, oublie tout esprit critique, toute vigilance, pourtant fort utile dans une situation où des terroristes rôdent.

C'est par l'un de ces correspondants émus que je fus averti hier, en début d’après-midi, qu’un attentat s’était produit. Mon interlocuteur, comme soudainement privé de tout jugement et endoctriné dans une secte, n’a pu me faire partager que le hashtag "#JeSuisCharlie". Et, telle la psalmodie répétée dans la foulée d'un prêtre ou un gourou, ce leitmotiv hypnotique qui stipule que je est un autre (la définition même de l'aliénation) essaima toute la soirée, toute la nuit, et encore le lendemain, partout, sur des édifices municipaux, dans les transports, sur des panneaux publicitaires, en France comme à l'étranger. Et gare à celui qui tardait à rallier ce mouvement ! Il convenait en effet de dispenser cet évangile de vive voix et promptement, pour montrer sa compassion, ainsi que pour pouvoir dire plus tard que, dans une vie sans relief, nous construisîmes tout de même un moment d'histoire : nous étions là, dans la rue ou sur twitter, ce 7 septembre 2015, nom de Dieu !... Les médias sociaux, devenus la source principale de conditionnement des esprits, savent à présent bien exploiter le besoin compensatoire qu’ont des êtres trop rationnels dans leur travail et trop isolés, de se retrouver et de se livrer à des manifestations brutes d’affects.

Parallèlement aux badauds, les politiques y sont allés de leur Marseillaise, et ont répondu à l'appel des manifestations, au nom de la liberté de la presse, et de la liberté tout court, la république en danger etc. A leur élan sincère s'est ajouté l'instinct opportuniste et déjà, cet après-midi, la volonté d'unité nationale, se brisant sur les récifs du pragmatisme partisan pour refluer vers l'utopie, a disloqué l'espoir d'une alliance œcuménique entre PS, UMP, FN et autres sensibilités, lors de la marche prévue dimanche.