vendredi 23 septembre 2011

DEMANDE DE RECONNAISSANCE DE L'ÉTAT PALESTINIEN : LE COUP DE FORCE PACIFIQUE D'ABBAS

Fascinante accélération de l'Histoire aujourd'hui avec la demande explicite et officielle de reconnaissance de l'Etat palestinien, par le président de l'Autorité Palestinienne, Mahmoud Abbas, auprès des instances de l'ONU. Un moment historique, même si la requête a peu de chances d'aboutir. Le journaliste spécialiste de politique internationale d'itélé, Olivier Ravanello, nuance ainsi : "La Palestine n'aura peut-être pas gagné un Etat, mais elle aura trouvé un chef d'Etat".

abbas,onu,diplomatie,palestine,israël,netanyahu,colons,gaza,cisjordanie,jerusalem,intégrisme,obama,hamasCertains ne l'en croyaient pas capable. "Trop velléitaire". Pourtant, il a osé ! L'initiative est fraîchement accueillie par Israël, même si ce soir à l'Assemblée Générale Netanyahu s'est montré conciliant, assurant son allié que la paix était bien l'objectif commun aux deux peuples. Les Etats-Unis, qui avaient multiplié les tractations avec Abbas depuis plusieurs jours dans l'espoir de le voir renoncer à son coup de poker, ont peu apprécié. Une grise mine ostensiblement affichée, représentative, selon la journaliste Laurence Haïm (itélé), d'un "véritable échec de la diplomatie d'Obama". Entre les difficultés intérieures et la perte d'autorité internationale, la réélection du chef de l'Etat américain semble bien compromise.

Un autre point de vue très intéressant, celui d'Elias Sanbar, l'ambassadeur de Palestine à l'UNESCO, cet après-midi sur Europe 1. Selon lui, les Etats-Unis sont d'autant plus réticents à ce va-tout diplomatique et pacifique "unilatéral", qu'ils ne "veulent pas partager le processus de paix -- chasse gardée". L'ambassadeur reproche implicitement aux Etats-Unis de vouloir conserver l'arbitrage majoritaire du processus de négociation, afin d'être juge et partie pour la cause israélienne, et au final d'entretenir le statu quo ou de faire achopper les négociations. Une reconnaissance de l'Etat Palestinien, arriverait-elle après une étape intermédiaire d'Etat observateur comme celle que proposait le président français Nicolas Sarkozy, modifierait radicalement la donne géopolitique au Proche-Orient et le leadership de l'alliance israélo-américaine.
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Certes, la contre-attaque d'Obama est attendue et reconnue avec lucidité et franchise par notre ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé. Interrogé hier sur itélé, il valida dans le langage diplomatique ce que l'opinion sait déjà : quelle que soit l'intensité des pourparlers prévus dans les semaines qui nous séparent du verdict onusien, le membre permanent américain opposera son veto au sein du Conseil de sécurité.

Néanmoins, et sans préjuger du résultat procédural, Ramallah (Cisjordanie), en liesse, célèbre déjà une avancée. Le peuple palestinien, approuvant à 80% l'action d'Abbas, est en effet conscient que le courage de celui qui se présente à l'ONU avec seulement "un olivier dans la main et pas de fusil" (contrairement à la métaphore plus belliqueuse d'Arafat) est porteur de chance et d'espoir.

La chance que le monde, obnubilé par ses propres difficultés intérieures et par le printemps arabe, tourne de nouveau ses yeux vers le processus de paix. L'espoir que cette tribune offerte par l'ONU et les pourparlers qui s'annoncent, puissent enfin cristalliser la paix de deux voisins qui n'aspirent au fond qu'à exister. [crédits photos : respectivement Reuters / Mike Segar et AFP]

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