jeudi 10 mars 2011

LIBYE : RÉDEMPTION OU DÉCHÉANCE DE SARKOZY ?


Audio : Yves Izard, pour France-Info.
Photo : agence Reuters.

Nicolas Sarkozy avait annoncé son intention de redorer le blason de la diplomatie française. Il souhaitait sans attendre se racheter des atermoiements et ambiguïtés géopolitiques dérangeantes qui avaient discrédité la France sur la scène internationale, lors des précédentes révoltes du monde arabe.

Ainsi, ce jeudi 10 mars 2011, en pleine guerre civile entre partisans et opposants au régime de Kadhafi, l'Elysée a reçu le Conseil national de l'opposition et fait de la France la première nation à le reconnaître officiellement comme représentant du peuple libyen. Conscient du bras de fer qui s'engage entre lui et le chef libyen, le président français a évoqué la possibilité d'un renforcement des mesures coercitives de type "frappes ciblées" sur des zones stratégiques contrôlées par le colonel Kadhafi. Une prise de position "formidable", selon Bernard Henri-Lévy qui était présent durant cet entretien.

Une autre personnalité grimace beaucoup plus et vient d'avaler sa première grosse couleuvre, en constatant, médusé, que Nicolas Sarkozy écoutait le "philosophe glamour" héritier de la gauche caviar avant de consulter son ministre officiel. Ces décisions ont été prises en effet à l'insu d'Alain Juppé qui en a eu connaissance en même temps que l'opinion. Sans ambages, l'Elysée rappelle à l'ambitieux ministre des affaires étrangères que le président de la République reste le maître de la diplomatie tricolore. Une humiliation que le potentiel présidentiable UMP risquerait bien de payer cher d'ici 2012...

Dans la foulée, une vive contre-réaction accompagnée de menaces personnelles s'est élevée de l'autre côté de la Méditerranée. L'agence officielle libyenne Jana a annoncé avoir "appris qu'un grave secret allait entraîner la chute de Sarkozy, voire son jugement en lien avec le financement de sa campagne électorale de 2007". Notre président désirait "élever le débat". Hélas, ce n'est pas "l'Ascension" mais le Jugement Dernier libyen qui lui est promis, sur fond de représailles politiques. Des risques de pactiser avec le diable et de dîner sous sa tente...

10/03/2011. 16h. "L'empereur des français" comme d'aucuns le surnomment, se prend pour un empereur européen. Grincements de dents de l'Union Européenne qui n'entend pas consacrer l'imperium d'un Charles Quint tricolore. En dépit du soutien du Parlement européen à Strasbourg, plusieurs nations partenaires de la France émettent des réserves à l'encontre de cet acte politique. Une source proche du gouvernement allemand a souligné l'absence de "signification" au regard du droit international d'"une reconnaissance du Conseil des rebelles". De son côté, le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, a jugé "préférable d'attendre la position de l'ensemble de l'Union européenne avant de reconnaître le Conseil National de Transition comme étant la seule autorité légitime en Libye". François Bayrou dénonce une "erreur politique", de même que le président d'honneur du Front National, Jean-Marie Le Pen.

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11/03/2011. L'Union Européen s'est finalement rangée derrière les positions de Nicolas Sarkozy et David Cameron, après que notre président ait rectifié son tir par la nuance "mesures ciblées", à la place de "frappes ciblées".

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