vendredi 4 mars 2011

SARKOZY, PRÉSIDENT ÉLU... DES DIEUX ?

On peut être de taille modeste et avoir les idées larges et hautes. Très hautes. Un homme va bientôt s'ériger en champion fédérateur de la chrétienté, défenseur de nos valeurs millénaires, ultime rempart contre les extrémismes ... tout en décimant les rangs de sa propre famille politique et en exacerbant les tensions interconfessionnelles avec un acharnement inspiré.


Audio : chronique de Christophe Jakubyszyn (RMC, Bourdin & Co, Les Coulisses de la politique, 04/03/2011).
Photo : Nicolas Sarkozy en la cathédrale Notre-Dame du Puy-en-Velay (Haute-Loire) © REUTERS/Philippe Wojazer.


De son propre aveu et plus que jamais, des difficultés profondes incombent à notre président de la République dans sa noble mission de service et de représentation. Seulement, la fonction temporelle ne suffit plus à notre "Sauveur". En émule reconnaissant de George Bush Jr, le chef de l'Etat lorgne de plus en plus sur Louis XIV, en se rêvant président des catholiques français, en charge d'un nouveau gallicanisme.

"C'est un héritage qu'on célèbre, une histoire qui nous fonde". Certes. Mais d'aucuns soulignent que ce pèlerinage de Nicolas Sarkozy n'est pas qu'une réaffirmation d'une série d'évidences factuelles. C'est avant tout un signe politique et idéologique fort; pour renouer avec une partie de son électorat de droite et des catholiques. Tandis que d'un côté de la Méditerranée, les despotismes périclitent, de l'autre, ils progressent. Doit-on y trouver une relation de cause à effet ? ... Décidément, notre Président ne parvient pas à rester à la place que la République lui a dévolu. En l'état et en l'Etat, parler encore de république serait hypocrite. Tacitement, nous sommes revenus à une monarchie parlementaire chrétienne. Les plus critiques ajouteront "L'avons-nous jamais quittée ?"

"Il ne faut pas opposer identité et diversité" marque l'entrée en matière présidentielle dans le débat sur la laïcité, concomitant de l'entrée en vigueur de l'interdiction du voile intégral. Le propos répartit fièrement les rapports de force sur l'échiquier. Il met les choses au point, non pas tant sur la sensibilité religieuse personnelle de Nicolas Sarkozy, que sur une hiérarchisation symbolique des valeurs culturelles françaises. Notons la précaution du Président. Sans qu'on lui ait demandé quoi que ce soit, il anticipe et nie déjà l'accusation de prosélytisme qui pourrait être dirigée à son endroit. Une autre question s'impose : ce prélude orienté constitue-t-il une manière sereine de poser les bases d'un débat objectif sur la laïcité ?
Prochaine étape ostentatoire ? Cluny, Vézelay ou le Mont-Saint-Michel. Pour Noël Mamère, jamais à court de formules lui non plus, en particulier quand il s'agit de fustiger les incongruités et autres dérives de l'exécutif, la réponse est sans équivoque :
"Avec ce qu'est en train de faire le chef de l'Etat, nous atteignons un niveau politique proche de l'encéphalogramme plat !"
Espérons toutefois que nos politiques aient encore suffisamment d'influx nerveux pour conduire le débat avant que nous en arrivions nous-mêmes à nous brûler les esprits et les corps dans une nouvelle guerre de religion♦

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