samedi 4 février 2012

SYRIE : VERS UN EMBRASEMENT DES RELATIONS EST-OUEST ?

Les négociations sur le projet de résolution de l’ONU sur la Syrie se sont accompagnées hier d’une escalade de la violence à Homs. Etonnamment pourrait-on dire, car Bachar al-Assad n’a aucun intérêt à jouer la provocation. Sauf à espérer, naïvement, pouvoir mater vite la rébellion, afin de soulager la Russie amie de la responsabilité qui lui incombe actuellement. Je ne crois guère à cette stratégie d’une contre-productivité évidente. La Syrie sait pertinemment qu’accroître la répression placerait encore plus la Russie au pied du mur, et justifierait la résolution onusienne. Sans avoir pu d’ailleurs endiguer des milices constamment reconstituées telles un phénix, et généreusement armées par l’étranger.

L’Observatoire syrien des droits de l’homme et le Conseil national syrien ont immédiatement imputé ces massacres au régime d’Assad. Les médias occidentaux ont relayé ces allégations, en oubliant le conditionnel que l’opacité de l’information syrienne devrait pourtant requérir. Les opposants auraient voulu forcer la main à la Russie qu’ils ne s’y seraient pas pris autrement. Simultanément, des manifestations anti-Poutine se sont tenues à Moscou. Là encore, les mêmes qui veulent substituer à Assad un gouvernement acquis à la cause de la Ligue arabe et des Etats-Unis, auraient tout intérêt à alimenter les revendications contre l’actuel gouvernement russe allié à la Syrie.

La Russie comprend les visées expansionnistes de long terme des Etats-Unis et de l’Occident. Elle ne peut pas se permettre d’abandonner Assad : cela reviendrait à se séparer d’un allié historique nécessaire à sa propre survie politique autour de la Caspienne et au Moyen-Orient. Dans le camp adverse, les pressions grandissent pour culpabiliser la Russie en lui reprochant de se rendre, par le blocage diplomatique, complice des massacres syriens.

Tandis que l’Europe connaît une vague de froid sibérien, les relations Est-Ouest sont en train de se réchauffer considérablement. Les massacres en Syrie sont d’autant moins prêts à s’interrompre qu’ils sont entretenus par un appui extérieur. Par quels moyens l’Ouest parviendra-t-il à convaincre la Russie ? Les Etats-Unis et la Ligue arabe ne tenteront-ils pas une intervention militaire hors d’une résolution onusienne, quitte à courir le risque d’un affrontement direct avec la Russie ? La Russie ne claquera-t-elle pas la porte du Conseil de sécurité ?

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