jeudi 2 février 2012

INA-BIBLIOTHÈQUE DU CONGRÈS : VERS UNE CONSOLIDATION RAMPANTE DE L'ALLIANCE ATLANTIQUE

Voici une information de l'AFP dont le traitement restera vraisemblablement anecdotique dans nos principaux médias hexagonaux. L'Institut national de l'audiovisuel (INA) et la Bibliothèque du Congrès américain viennent de signer une convention d'échanges de 500 documents audiovisuels numérisés. Pas n'importe lesquels. Sont concernées les émissions de télévision qui offrent un regard croisé (et valorisant, cela va de soi) sur leur partenaire. Une opération qui s'apparente donc ni plus ni moins à de la masturbation culturelle réciproque. A ce titre, écouter les parties prenantes est encore le plus instructif.

Ainsi, lorsqu'on l'interroge sur la vocation du contrat, Mathieu Gallet, le patron de l'INA, n'hésite pas à évoquer en creux un agenda mondial (un terme décidément de moins en moins tabou). "Ceci est une étape importante dans la constitution d'une bibliothèque mondiale à laquelle tout citoyen pourra accéder", affirme-t-il, avant d'en préciser la motivation particulière pour l'institution française : "L'INA essaie d'aller à la conquête des publics les plus différents. L'enjeu des années à venir est d'élargir ces publics, en s'adressant aux jeunes, aux publics étrangers, aux chercheurs comme au grand public".

Merci à M. Gallet de nous rappeler cette triste vérité. Lorsque la France prétend s'ouvrir au monde et sensibiliser la jeunesse, elle ne sélectionne pas un panel éclectique de documents internationaux, mais renforce ses liens outre-atlantiques, étouffant discrètement l'émancipation multipolaire.

Même son de cloche du côté du directeur de la bibliothèque américaine, James Billington pour qui "cette collaboration offrira un aperçu précieux de l'Amérique des 110 dernières années à travers le prisme d'une autre culture". Un aperçu précieux et potentiellement salutaire. Contestés dans leur hégémonie, les Etats-Unis trouveront dans ce miroir français d'un poli américain presque parfait (exception faite de la parenthèse gaullienne), une caution supplémentaire à leurs engagements les plus tangents. "Voyez comme les médias français ont relayé et corroboré nos allégations sur les attentats du 11 septembre, Al-Qaïda etc"

Cette étape et les autres ne duperont pas ceux des Français qui forgent leur sens critique hors du circuit médiatique traditionnel. Continuons la pédagogie et ne nous laissons pas dominer par un quelconque impérialisme culturel. Les Etats-Unis, nous n'en avons que trop soupé.

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