vendredi 8 juillet 2011

PARTIS SEGMENTES : POURQUOI FAIRE SIMPLE QUAND ON PEUT FAIRE COMPLIQUÉ ?

« Les deux droites vont finir par faire imploser l’UMP ! » L’actualité ne manque effectivement pas de thèmes susceptibles de mettre en relief les contrastes saillants entre les courants gaulliste-social et libéral-populaire de l’UMP. Mais qu’on ne s’y trompe pas. Pour ce qui est de la pluralité idéologique, la gauche non plus n’est pas en reste.

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Ses avatars sont encore plus nombreux : conservatrice, réformiste, sociale-démocrate, patriotique-populiste de gauche, communiste, sécuritaire, protectionniste, écologiste, etc. Une palette de couleurs déclinée finalement autour de deux valeurs chromatiques : l’une interprète son hémisphère politique comme une émanation intangible des Lumières et de la Révolution, luttant contre les injustices et inégalités ; l’autre, hédoniste et libertaire, cherche moins l’égalité que le progrès socio-économique et humain.

J’ai retenu ma main tentée par la dichotomie « l’une est idéaliste, l’autre pragmatique », car ni l’une ni l’autre ne sauraient de nos jours être qualifiées ainsi. Les partis républicains de ce début de XXIe siècle sont dirigés par des gestionnaires, élus pour organiser le partage des fruits de la mondialisation. De fait, il n’y a plus de clivage patent tel qu’au XIXe siècle entre une « gauche charitable et proche du peuple » et une « droite cynique et élitiste, protectrice du capital et des riches ». Lorsque d’aucuns essaient de le ressusciter, c’est à grand renforts de caricatures — une mayonnaise qui ne prend presque plus. Il est toutefois intéressant de noter que leurs anciens crédos respectifs sont entretenus dans l’inconscient collectif par les éléments de langage des politiciens.

A gauche, « la modernité sociétale » (le mariage homosexuel en particulier) s’est substituée à la lutte des classes sociales, tandis qu’à droite on fustige le « compassionnel » compassé et « les solutions dépassées » de la gauche en lui opposant un esprit de « responsabilité ». Au milieu de cette nouvelle harmonie, le leitmotiv wagnérien du secrétaire général de l’UMP était prévisible : « Le FN c’est surtout des devoirs. Le PS c’est surtout des droits. Nous, nous sommes le parti des droits et des devoirs ».
politique,philosophie,france,économie,social,ump,sarkozy,ps,droite,gauche,fn,national,électionLa France est décidément une terre d’exception politique. Gauloise et romaine à la fois, elle porte en germe tout et son contraire, avant que ses antagonismes ne se résolvent en complémentarités nécessaires. Ses lumières sont tamisées, ses contours changeants. Lionel Jospin a répété après sa défaite en 2002 que le FN ne représentait pas une menace fasciste. Mal voyant ou clairvoyant ? Car s’il n’était alors pas une porte ouverte sur une dictature, il est peu probable que sa nouvelle mouture normalisée le soit davantage. Une majorité d’historiens affirme d’ailleurs que notre pays n’a jamais eu de tradition fasciste, pas même au sein de l’extrême-droite des années 30. Pas plus qu’une culture communiste à tendance stalinienne. Petitesse et grandeur d’une nation viscéralement attachée aux nuances, pour le meilleur et pour le pire.

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