"La France est un pays ouvert, mais elle n’a pas vocation à accueillir des étrangers pour en faire des chômeurs. A cet égard, je pense qu’il est urgent d’adapter notre politique en matière d’immigration du travail à la réalité économique et sociale de notre pays."
Quelle forme prendrait donc "l’adaptation" dont parle le ministre ? La réponse, rimée, se résume en un mot, "assimilation" :
"La France doit offrir à ceux à qui elle ouvre les bras, les conditions d’une intégration voire d’une assimilation réussie […] Les immigrants doivent être fiers d’être accueillis sur le territoire français et se fondre dans un destin collectif […] Ils doivent épouser notre culture, adopter notre façon de vivre et nos valeurs cardinales."
Et la valse des raccourcis vertigineux de continuer. Pour combattre les difficultés économiques et sociales patentes des derniers arrivés, Claude Guéant croît pertinent d’invoquer les mânes de Jules Ferry et de répondre sur le terrain culturel. "Donnant-donnant. La France vous fait confiance. En contrepartie, vous lui devez allégeance culturelle." D’abord, nous ne sommes pas en dictature. La vocation républicaine de la France n’est pas de contraindre les sensibilités ni les modes de vie individuels. C’est heureux car à ce jeu-là, je serais en droit, au nom de mes ancêtres, d’exiger des amateurs de MacDo et d’anglicismes ridicules qui gangrènent notre nation de marcher au pas, et de s’affranchir de ce qui, selon moi, avilit notre héritage chéri. Le fait est que je dois composer avec eux, comme avec tout le monde. Alors bien sûr, on peut concevoir que la tolérance et la protection des libertés puissent chagriner les nostalgiques de l’Ancien Régime, cependant ce qu’on demande à chacun, immigré légal ou indigène, c’est de se soumettre à la loi et non à un rêve. Merci au ministre de l’Intérieur de nous rappeler expressément son incapacité chronique à faire respecter cet impératif.
Si tout le monde n’a pas de travail en France, certains hauts fonctionnaires d’Etat ne chôment pas, mus qu’ils sont par une conscience nationale qui abolit les frontières de leur champ de compétence. En cas de défection du ministre de l’Education Nationale, pas de panique : Claude Guéant assurerait la relève au pied levé, les mains propres et le front haut. Seulement, il n’existe pas d’hyper-ministre, et les présomptueux qui ont voulu endosser cet habit s’en sont fiévreusement séparés comme d’une tunique de Déjanire. Surtout, l’épigraphe ci-dessus ne peut nous abstraire du problème principal, de ce qui fait l’indignité de notre nation : la négation par une majorité de français d’origine de leurs propres racines. Qu’est-ce qui fait "l’identité française", messieurs du gouvernement ? Vous ne le savez pas, et ne pouvez répliquer que par le constat d’échec des politiques sécuritaires et éducatives… Bon courage à vous pour la traversée du désert qui vous attend après 2012. Le peuple s’efforcera de supporter le mandat d’un socialiste, à moins que dans l’intervalle il ne ressuscite ou n’invente une manière de se délivrer de ses chaînes. [Photo : Reuters / Daniel Joubert]
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