mercredi 27 avril 2011

QUAND LES DIRIGEANTS DU CAC40 SE GOINFRENT

"Les patrons du CAC40 ont engrangé 152 fois le SMIC en 2010". Les Echos étayent l'intuition commune : la reprise économique bénéficie principalement aux patrons et actionnaires. Un écart ressenti comme une injustice et une provocation dédaigneuse par une majorité de salariés dont le pouvoir d'achat ne fait que se détériorer depuis plusieurs mois. Car dans les faits, il n'y a pas plus d'autorégulation marchande que d'autocensure dirigeante. Pour Pierre-Yves Gomez, président de l'Institut français de gouvernement des entreprises, cette "grave défaillance de l'élite" n'est pas sans rappeler l'attitude de l'aristocratie d'avant 1789, "lorsque telle comtesse avait vendu une terre pour s'acheter un miroir".

A gauche, on joue les apprentis Robins des Bois et on préconise un interventionnisme économique modéré, en confondant parfois égalitarisme avec équité. "Plafonner les salaires des dirigeants d'entreprises dont l'Etat est actionnaire ? Le principe me choque", telle fut la réponse viscéralement libérale de Christine Lagarde, à l'une des propositions socialistes pour redistribuer plus équitablement la valeur ajoutée. Le ministre de l'Economie a beaucoup plus de scrupules à plafonner les rémunérations des patrons du CAC40, qu'à refuser un soutien solidaire aux ménages face à l'inflation sur les matières premières et l'énergie.

Si l'on ajoute à cela le récent jeu de dupes « suppression du bouclier fiscal contre allègement de l'ISF », on s'aperçoit que les grosses rémunérations desserrent globalement leur contrainte, tandis que les plus menues se serrent un peu plus la ceinture : la paupérisation s'accroît en même temps que les inégalités se creusent. Alors oui, parlons de principe. Un gouvernement peut-il se prétendre responsable en faisant prévaloir le principe de neutralité économique de l'Etat, sur le principe supérieur de poursuite de l'intérêt général ?

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