vendredi 9 mars 2012

MÉLENCHON : LA SIRÈNE DE LA RÉPUBLIQUE

Le candidat du front de gauche n'est pas seulement un remarquable orateur. C'est aussi un homme qui abhorre les références de Le Pen père au collaborationniste Brasillach, tout en tolérant le parcours vichyste de François Mitterrand. A l'image de son modèle socialiste, Jean-Luc Mélenchon aime et pratique le double jeu. Un peu à gauche, un peu à droite ; insaisissable, un peu partout et nulle part à la fois.

La première chose qu'on remarque en l'écoutant, c'est son insistance suspecte à rappeler qu'il est de gauche. Comme s'il fallait lever un doute, persuader les électeurs et se persuader soi-même. Puis, on est impressionné ou amusé par sa véhémence ombrageuse, ostensiblement théâtrale, souvent surjouée. "Un homme révolté en 2012 ! Il en reste un !", s'émeuvent ses partisans, la larme à l'oeil et le sourire rageur. D'autres, moins dupes, le trouvent trop démonstratif pour être honnête. On ne saurait leur donner tort : si Mélenchon était aussi franc du collier et lucide qu'il le prétend, il parlerait de l’urgence d’un rassemblement national, au lieu d'entretenir, comme l’UMP, une opposition artificielle entre droite et gauche. Cet argumentaire, basé sur des antithèses simplistes et obsolètes, évite bien sûr le débat d’idées qui révélerait que les deux camps sont en réalité d’accord sur l’essentiel.

Sa plus grande tartuferie c’est que ses convictions ne sont ni de droite ni de gauche. C’est un républicain franc-maçon opportuniste et internationaliste. Quand on l’interroge sur le chômage, il avoue aussi spontanément que l’aurait fait l’UMP, qu’il souhaiterait mettre fin au RSA... avant de préciser sa pensée : "je préférerais dans l’idéal qu’il n’y ait plus d’allocations chômage et que tout le monde ait un travail correctement rémunéré". On en convient. Cependant, le propos est ambigu dans la bouche du représentant du parti communiste à la présidentielle, car il ne fait finalement que relayer le vœu de Nicolas Sarkozy de "mettre toute la France au travail". Le stratège qu’est Mélenchon devrait savoir que lorsqu’on souhaite maintenir le bipartisme, il convient de ne pas imiter la rhétorique de l’adversaire.

Sur l’Europe, ce défenseur d’une voix française affirmée, au sein d’une intégration politique et économique accrue, est une sorte de François Hollande avec un supplément de testostérone et de volontarisme… sarkosyste. Enfin, il y a un an et demi déjà, les commentateurs se demandaient si la candidature de Mélenchon n’était pas là pour diviser la gauche. Plusieurs fois il aura éludé la réponse cette semaine...

2 commentaires:

  1. Bonsoir,

    Je découvre le blog par hasard mais j'aimerai y laisser une petite contribution.

    Au delà des tartufferies bien mises en scènes et le coup de pouce médiatique, qui du râleur entêté en a fait un séducteur révolté... le constat est là, Mélenchon compte et pèse dans le paysage politique.

    A droite comme à gauche (excepté aux 2 extrêmes), on a du mal à flinguer tonton Jean-Luc. Et nul va s'en dire, que l'entre 2 tours sera une pièce de théâtre où Hollande devra équilibrer son discours entre l'aile caviar et le pcf.

    Diviser, certes... mais force est de constater que la gauche s'est renforcée via le PCF (qui l'eut crû...) notamment grâce aux indécis FN/MODEM/PS/LO/POUTOU.

    Reste à savoir si la sirène de la république continuera à girouetter après le 06 mai...

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  2. Merci pour votre commentaire. L'article date un peu à présent, et était volontairement provocateur. Il ne valide aucun présupposé d'aucun média traditionnel... et encore moins les sondages. De sorte que je suis assez d'accord avec vous sur l'essentiel mais j'ajouterai juste "Tut tut le premier tour n'a pas encore eu lieu !" :) Je pense que tout est possible, y compris que Hollande ne soit pas présent au second tour, voire que Mélenchon y soit à sa place ! A la fois par manque de foi dans la façon dont sont construits des sondages sur 900 personnes, et par retour d'expérience sur le terrain : beaucoup de gens rencontrés hésitent encore sur la destination de leur vote protestataire, entre Jean-Luc ou Marine ! Mais nous allons rapidement être fixés...

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