mercredi 8 juin 2011

À LA RECHERCHE DU CANCRELAT PERDU

politique,économie,social,solidarité,assistanat,rsa,allocation,ump,droite,ps,socialiste,sarkozy,wauquiez"L’assistanat est le cancer de la société" disait Wauquiez. Une épigraphe qui ne le fera certainement pas rentrer au Panthéon des grands hommes de droite, mais qui est très révélatrice de la représentation que certains élus se font du peuple. Il est en effet toujours plus facile de s’abriter derrière l’étendard volontariste "J’aime la France qui se lève tôt", lorsqu’on a jamais connu que le cénacle de la bureaucratie feutrée. Les ouvriers et employés qui se ruinent la santé et se détruisent à petit feu pour faire fonctionner l’économie et le capital français, sont nettement moins prompts à tenir ce genre de discours.

Et au fait, que pense le père du RSA de la réforme claironnée par l’impétueux Jean-François Copé ? Réponse :"Ça me ferait mal au cœur qu’on utilise l’argent des travailleurs modestes pour alléger l’impôt de solidarité sur la fortune […] C’est de l’entourloupe" En cause, une discussion technique sur l’origine et l’affectation du Fonds National de Solidarité Active. Une querelle d’équilibristes budgétaires et de chiffonniers parisiens qui fera une belle jambe aux accidentés de la vie. A l’issue de la convention UMP sur la justice sociale, Hirsch la forte tête fait ce soir profil bas, affirme qu’il n’y a "plus de désaccord interne, c’est réglé" … avant la prochaine fois serait-on tenté d’ajouter, les 180° et autres effets d’annonce stériles étant devenus la spécialité de l’actuelle équipe dirigeante.
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Dépassons ce chaos et prenons un peu de recul. L’affaire DSK aura été pour l’UMP un instrument de politique intérieure providentiel. Afin de faire oublier la vraisemblable "entourloupe" budgétaire dénoncée par Martin Hirsch, la majorité attendait la moindre occasion pour retourner contre le PS chacune de ses attaques sur le thème du clientélisme ploutocratique. Un manque à gagner pour l’Etat suite à la réforme fiscale ? Pas de panique, on compense en rognant la dépense publique allouée aux aides sociales. "Faites un effort, bandes de faignasses de pauvres, sinon tous les riches vont partir et ce sera de votre faute !" Ubuesque. Si une modification du RSA était entérinée, les bénéficiaires qui en acceptent d’ores et déjà l’augure doivent comprendre de quelle forme de contrepartie et de justice sociale il s’agit. Allocataires, quand vous vous lèverez le matin pour effectuer vos heures de travail pour la collectivité, sachez que grâce à votre soumission, certaines grosses fortunes ne changeront pas tout de suite de domiciliation fiscale. Alors, heureux ?

Paradoxalement, la crise a protégé les ménages les plus modestes de la politique ultralibérale débridée que la droite souhaitait mettre progressivement en place. Elle a imposé un frein à ses ardeurs. Une crise qui fut aussi un prétexte pour dissimuler l’inanité des promesses sécuritaires, le démantèlement des services publics et l’absence de valorisation et de stabilité du travail. Mise en concurrence mesquine entre employés et chômeurs, agenda politique dicté par une mauvaise imitation du FN et la crainte de l’exil fiscal des plus gros patrimoines : l’oeuvre d’une équipe de gestionnaires sans vision de long terme ni souffle, mesquine, qui aurait pu disputer au temps de Guizot sa formule "Enrichissez-vous et ne discutez pas trop les décisions". Que le gouvernement croise les doigts, et espère qu’une majorité de gens ne prennent pas conscience un matin que l’essentiel de la richesse patrimoniale n’est qu’une pure rente, et non la contrepartie du labeur méritant ou du risque d’entreprendre.

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