jeudi 10 février 2011

LA MARCHE DE L'HISTOIRE S’ARRÊTERA-T-ELLE AUX MARCHES DE L'AFRIQUE ?

Le web a servi d'accélérateur et de vecteur de la prise de conscience d'un certain retard économique, social et politique. Il a permis à ces gens de mesurer le chemin que leur pays avait encore à parcourir, avant de pouvoir discuter d'égal à égal avec les nations démocratiques. On peut s'interroger sur un autre phénomène qui se développe parallèlement sur notre vieux continent, à savoir cette forme de reflux démocratico-capitaliste, pardonnez-moi ce syncrétisme. Comme si l'Europe et l'Afrique se trouvaient à deux points d'inflexion de leurs évolutions respectives, et que ces civilisations se croisaient. L'une croule sous un excès de liberté et d'ouverture économique, l'autre étouffe par le manque de libertés individuelles.

La France se sent vieillissante, à bout de souffle, ayant épuisé le stock de promesses que l'Europe tentait de lui vendre. Elle comprend de plus en plus que les institutions européennes et le libre-échange lui ont nui puisqu'autre chose. Et elle a certainement perdu une partie de son identité après avoir dilué ses frontières péniblement acquises et abdiqué sa souveraineté monétaire dans cet amalgame qu'est devenue la communauté européenne. Initialement, la nouvelle institution devait apporter des gages de paix politique et de stabilité économique durables. Contrat très partiellement rempli. Nos politiciens ont s'échiner à défendre l'euro, le peuple n'est plus dupe. La monnaie unique aura été un pari pascalien perdu.

Car disons-le, les démiurges de l'euro, leurs épigones, et parfois leurs émules béats, n'avaient aucune certitude que l'euro pourrait être le facteur d'une cohésion monétaire supranationale européenne suffisamment forte pour relancer notre compétitivité face au dollar. Cette monnaie impériale et impérieuse se voulait le pilier, le ciment de l'Europe fédérale. C'était sans compter là encore sur d'autres résistances, celles d'esprits gaulois qui, tels Astérix et Obélix, n'ont de cesse que de résister encore et toujours à l'« envahisseur ». Non, nous ne sommes pas aussi dociles que le peuple américain. L'orgueil est souvent discutable, mais il arrive parfois que la fierté témoigne d'un esprit critique encore vivace, d'un instinct de survie qui se prolonge jusqu'aux tréfonds de notre encéphale, de notre cœur et des pores de notre peau.

La France est la France. En dépit de toutes ses contradictions (ou peut-être grâce à elle), elle mérite mieux qu'une image d'Epinal au verso d'une monnaie européenne, ou qu'un statut d'atome au sein d'une entité brouillonne et indistincte. Non, le capitalisme dont les E.-U. se sont faits le héraut exportateur et le champion impérialiste durant tout le XXe siècle n'est pas une panacée, et à présent ceci n'est plus un secret pour personne. Dans ces conditions, n'est-ce pas criminel, oui criminel, que de continuer l'Europe comme une mauvaise imitation de la nation américaine, elle-même en profonde crise identitaire et économique ? Une Europe qui fait se succéder au chaos du début du XXe siècle un autre chaos, n'est pas une Europe qui a rempli sa mission. C'est un mensonge qu'il faut abroger et sur lequel nous devons construire et reconstruire un autre modèle.

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